Voici la poursuite de notre dictionnaire des noms de villages de Brasparts. Le plan joint provient des archives diocésaines.
GARZABIC: ou “garzambic”, “garzanbic”, “garzarbic”de “garzh”, “haie d'arbres, et “pik”, “pie”. Nous pourrions donc le traduire par “la haie aux pies”.
GARZUEL: l'origine semble la même que pour “garzabic”; ici, nous pourrions la traduire par “la haie d'arbres du haut”.
GOAS-AR-FEUNTEUN: de “gwazh”, ruisseau”, et “feunteun”, “fontaine”: ici le lieu-dit, récent dans sa dénomination (vers 1850) s'explique aisément par la présence tant de la fontaine que du ruisseau qui alimente aussi le lavoir du bourg. A noter que le nom du saint de la fontaine semble aujourd'hui oublié. Un indice: le saint était invoqué pour soigner les yeux.
GOËL: de “govel”, “forge”. Ce nom est ancien et pourrait être une trace supplémentaire justifiant les explications concernant la plaque retrouvée par François Joncour à Castel Du vers 1929: VEUS (cf. Message du forum de Brasparts concernant ce sujet in "Sauvegarde du patrimoine"). A noter l'ancienne carrière de granite.
GRAND-PONT: pas de surprise dans l'origine du nom puisqu'il s'agit effectivement du pont qui franchit la Douffine. La photo jointe a été scannée avec l'autorisation de son propriétaire, Henri Bronnec.
GUERNANDOUR: nom formé à partir des noms “gwern”, “aulne”, et “dour”, “eau”. N'oublions pas que les aulnes sont courants en Bretagne et faisaient partie du bosquet sacré des Druides.
HAYGUEN: ce lieu-dit apparait dans le cartulaire de Landévennec sous le nom de “Caër Niuguinen”, lieu habité clôturé par une haie blanche. A noter qu'aujourd'hui le terme de “Hayguen” est peu usité, au profit de “NIVEN” qui est en fait un adoucissement du nom d'origine. Hasard? AN IVEN signifie l'if. Son bois était utilisé autrefois pour faire des lances et des flèches pour le venin qu'il contient...
L'ISLE: cf. “Le bois de l'Ile”: dans ce cas précis, “enez” peut être interprété dans le sens de “lieu retiré”.
KERAMBELLEC: littéralement le “village du prêtre”; comme souvent dans les noms commençant par “ker”, “village, hameau”, est accolé le nom ou le métier du propriétaire du lieu; ainsi:
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KERAMPRONOST: de “ker” et “pronost”, déformation de “provost”, “prévôt”, “gendarme”; littéralement, le “village du gendarme”; (petit clin d'oeil à Yves...)
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KERANGOFF: de “ker” et “goff”, “forgeron”; littéralement, le “village du forgeron”;
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KERANNA, KERYANA, le “village d'Anna”;
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KERBLOC'H: le “village du marchand ” (autrefois ar “bloc'her” signifiait “celui qui achète indistinctement toutes les marchandises qu'on lui propose); on trouve aussi “
KERABLOC'H”;
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KERBRAS, anciennement
KERABRAS: le village des “Le Bras”
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KERMORVAN: le “village de Morvan”;
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KERJEAN: le “village de Jean”;
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KERIVOAL: le “village du chauve”;
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KERDALEM: le “village de l'homme fier” (“lem”, “pointu””coupant” s'emploie pour un couteau, le vent, mais aussi pour définir un regard fier et sévère);
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KERLOGOT: “logod” est le nom breton des “souris” (au singulier “logodenn”). Joseph Loth, qui mettait en doute cette traduction pour les noms de village et l'explique par l'éventuelle existence d'un saint qui aurait porté ce nom;
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KERLUAVEL devenu
KERNAVAËL: ici, je reprendrai l'explication donnée par Albert Deshayes dans son dictionnaire des noms de lieux: “Leavel donne par métathèse et substitution de l'initiale -navael dans Kernavael en Brasparts, Kerluiavel en 1555. Ce relevé oriente vers une forme évoluée du nom ancien Leuhemel, attesté en 861 et composé de leu (lion) et hemel (semblable), nom déjà évolué en Leomel en 859 d'où Leovel par lenition interne”.
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KERYVARC'H: composé de “ker”, “ty” et “marrec” (”marc” par contraction et “marc'h” par altération), le “lieu habité par Marrec” (“le chevalier, celui qui possède un cheval”, mais aussi “l'écuyer”). Mais ce village pouvait aussi dépendre de la famille de “La Marche” (dont le nom breton est “Marc'h” ou “Mars”...) ; je n'en ai pas trouvé trace dans les archives... Je note au passage que le nom de “mars” qui se prononce comme “marc'h” signifie “limites, bornes”: ce qui correspond depuis le Moyen Âge aux villages de “La Marche” (avec Pleyben) ou de “Keryvarc'h” avec Lannédern...
A “Ker”, il est possible bien évidemment d'associer un qualificatif: :
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KERFANC: le “village avec de la boue”;
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KERFLAMM: le “village éclatant, magnifique”;
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KERLAGUEN: “laguen “est peut-être un adoucissement de “laghenn”, “lakenn”, “loaguen”, en français “lac, marais, fondrière” mais une fondrière se dirait plutôt “poullou laguen”
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KERLANN ou
GERLAN ou
GERLAND: pourrait provenir de Ker an Klaon, comme en Pleyben, et serait une ancienne lèproserie, située à proximité de Saint Caduan.
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GUERNEVEZ, KERNEVEZ: le “nouveau village”
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KERVENET: le village “pierreux, de pierre” (“venet” est un adoucissement de “moeneg”)
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KERVANTURUS: le “village de l'homme bon et heureux”; mais le nom peut aussi signifier “le village au bord d'un précipice (aventureux)”
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KERZABELLIET ou
KERYABELIET ou
KERZEBELIET: le village “éloigné” (de “a-bell”, “loin”)
LANGLE ou
L'ANGLE, pour “ankl” en breton; il est envisageable que ce nom soit un qualificatif concernant une maison pour indiquer qu'elle était spatieuse (le terme est aujourd'hui tombé en désuétude dans ce sens) mais il est plus vraisemblable que le nom soit lié à la situation géographique du village dans le coude d'une route. Un ancien recteur de Brasparts le donne pour un vieux mot qui signifierait “glaive, épée tranchante” mais je n'ai pas retrouvé ce mot.
LESQUELEN: de “les”, “habitation close” et “kelenn”, “houx”; “lesquelen”, comme “brathberth” était peut-être aussi un point de défense du territoire; le houx était un arbrisseau particulièrement utile pour faire des haies mais aussi des palissades en bois dur et pesant (très bon pour les charpentes); on s'en servait pour battre les habits et faire des manches de fouets (combien d'enfants n'ont jamais gôuté aux baguettes de houx?); avec la seconde écorce du houx, on préparait une glu pour attraper les oiseaux à la pipée. Certains anciens disent que le verbe “kelenn”, “apprendre, instruire”, vient du fait que la baguette de houx permettait d'aider à la dite instruction...
LESQUIDIC ou
LISQUIDIC: de “losk” qui signifie “brûler” d'où “liskidik”, “sujet à se brûler” (in “dictionnaire de Coëtanlem”). Je n'ai malheureusement pas trouvé d'autre explication...
LEURE: “emplacement mégalithique” (source: Albert Deshayes, “Dictionnaire des noms de lieux bretons”, Le Chasse-Marée-Armen, 1999)