Voici la troisième partie de cette étude des noms de lieux. N'hésitez-pas à apporter vos commentaires!
MANOIR-DU-PARC ou
MANAR PARK: en fait “maner” est formé de deux mots “man”, “demeure”, et “her”, “héritier”, donc “demeure noble”; “park” est l'équivalent breton de “champ clos”. La dénomination de Manoir du Parc est donc un mélange de français et de breton.
Cette demeure a appartenu, par héritage en 1771 (date du décès de son aïeul maternel, Joseph Thibault, marquis de la Rivière), au marquis de La Fayette (cf. Bois de L'Isle) qui possédait également sur Brasparts deux moulins, celui de Kermorvan et celui du bois (Meil ar C'hoat"): le moulin était un insigne de prestige et de pouvoir: chaque baillée accordée stipulait que le preneur avait l'obligation de suite de moulin et devoir d'obéissance que tout homme domanier doit à son seigneur. Le marquis de La Fayette n'est jamais venu à Brasparts mais affermait ses biens à des paysans et/ou à des meuniers par l'intermédiaire d'un fermier général qui gérait l'ensemble - le sieur escuyer Jean Claude de Rochazre.
Les propriétés seront vendues comme biens nationaux pendant la Révolution, le marquis de La Fayette ayant émigré...
LA MARCHE (
AR MARC'H): ancienne seigneurie appartenant au seigneur du même nom. Peut-être lié au titre de chevalier de Anxeau de la Marche...
MENGLAS: de “meungleuz”, “carrière”; autrefois ce nom était associé à un second...”Menglas” est aussi le nom de l'ardoise.
MESCOUËL, MESCOUAL: de “maes”, “champ non clos”, et peut-être un terme breton ancien. Albert Deshayes écrit: “certains peuvent noter la forme moderne d'un terme, “rouazl moyen breton, qui a été rapproché du gallois “rhaeadr”, “cascade, chute d'eau”. Il y avait autrefois un moulin au Mescoual, ce qui signifie également la réalité d'un lieu noble. Ce moulin et cette terre appartenait au sieur de Maesconval ou Mesconcal ou Mescoual, dont un membre fut enregistré à la monstre de comme noble de Lopérec, sieur de Tour-Quelennec en Lopérec, de Maescongual en Brasparts et de Lesalein en Pleyben (ses armes: "trois poissons en fasce l'un sur l'autre")...Anciennement écrit Maescongual (1426), Maesconval (1491), Mesgoual (1536), Mescoel (1684, registre paroissial).
LA METAIRIE: en fait ancienne grande exploitation agricole de plus de 20 hectares, autrefois exploitée par un laboureur. Les terres appartenaient à un seigneur (ou un propriétaire après la Révolution) qui recevait un pourcentage en nature ou en argent. Cela expliquerait son nom en français. Ici, la métairie dépendait du manoir de Penquélen...
LE MOËNNEC: d'après Albert Deshayes, ce terme semble un dérivé en -eg d'une racine “moen” qui n'est peut-être pas sans rapport avec le gallois “mwyn”, “minerai”; en Léon, “maeneg” ou “moeneg” signifie “pierreux”. Menek, dit Coëtanlem, est l'adjectif de “man”, “note, marque, signe”, d'où “menna”, “penser, avoir des idées”, mais aussi “men” dans le sens de “monument, signe”. En effet, continue-t-il, “de toute antiquité, on a utilisé la pierre pour conserver la mémoire des évènements: on l'a choisi de préférence parce que sa dureté la rend inaltérable, et qu'elle est difficile à déplacer ...”
LA MOTTE: (avant 1675,
AR VODENN) correspond à ce que l'on appelle couremment une “motte féodale”, en fait “motte castrale”, à savoir un ouvrage défensif du Moyen Âge, composé d'un rehaussement de terre (la motte), occupé au sommet d'une palissade et d'une tour de guet. La motte est certainement un ancien lieu noble, comme pouvait l'être Lesquélen ou Penquélen.
MOULIN VEZO: le nom de “vezo” peut provenir de “mestr” ou de “goueznou”, patronyme. Dans les registres, le nom est parfois modifié en “moulin à vezo” ou “moulin ar vezo”. Ce moulin est aujourd'hui disparu. Mais le plus vraisemblable reste que BEZW (prononcer BEZO) est le nom breton du “bouleau”, dont les branches servaient à faire des balais, des corbeilles. Le bouleau était apprécié pour son suc dont on faisait une liqueur acide et agréable, qui, conservée pendant un an avec un peu d'huile, devient un remède contre la maladie de la pierre; on tirait aussi de ses feuilles une couleur jaune utilisée pour la peinture.
A noter que certains anciens prononcaient “VEO” ce que l'on pouvait traduire par “ivrogne”... Maï-Sous Robert-Dantec, dans son livre “Sophrologie et enchantements” (ed. Beltan, Brasparts, 1987) établit une liaison entre le bouleau et l'ivresse: “Un bouleau: ar vezvenn. Les bouleaux: bezw. L'ivresse: ar vezventi. Le langage des oiseaux, par une association du sortilège des mots, nous démontre que l'ivresse mène à un changement d'état de conscience sacré, chez les Celtes entre autres, nécessaire à la divination, la poésie, au droit d'extraversion. On peut aller vers l'ivresse en suivant des chemins différents. L'ivresse est multiple et ses buts sont multiples...”
col du
NOD: “an aod” avait autrefois le sens de “hauteur, falaise”. Il y a eu intégration de l'article avec le nom. Jusqu'à la première guerre mondiale, il y avait un moulin à proximité, le moulin du Nod.
PARADIS DES CHATSPARC-ALAR: “champ clos de Eloi” (ou de Saint Eloi qui est aussi, rappelons-le, le patron des chevaux)
PENN-: prend la signification de “tête, bout” mais aussi de “village” (issu de l'ancien breton “kaër”) et est associé à un nom ou un qualificatif:
PENNAHEO: anciennement PENKEO puis PENN-AR-HEO: le terme “keo” signifie “trou, cavité”; est-ce une image négative pour indiquer, ainsi que je l'ai trouvé aux archives, dans un vieux cahier, l'extrèmité d'un chemin étroit?,
PENNAHOAT: “le bout du bois”, également écrit Penhoat (1573), Pencoat (1600), Penancoat (1630), Penhoüat (1678, registre paroissial)
PENNALEN: “l'extrèmité de l'étang, du lac”
PENNAMENEZ: “menez” signifie “montagne” mais aussi “colline, butte, terre accidentée, ...”
PENNANEAC'H: “an neac'h” est en fait une déformation de “kreac'h” par adoucissement et a donc la même signification que dans le nom “créach-coledenn”, “côte, colline”: d'ou PENNANEAC'H LA GARE et PENNANEAC'H ST SEBASTIEN. “An neac'h” peut se traduire par “en haut” mais aussi “hauteur, tertre, élévation”.
PENNAROUS: “ar rous” signifie également “la colline, le côteau”
PENNAVERN: cf. Benvern
PENQUELEN: le “bout” ou “la tête” de “houx” (cf. LESQUELEN). Penquélen est un ancien lieu noble avec manoir et chapelle (la chapelle Sainte Anne, aujourd'hui détruite). Le pennon du manoir est toujours visible (cf. message sur la pierre armoriée de Penquélen).
PENTRAON: ancienne possession de l'abbaye de Landévennec qui apparait dans le cartulaire de l'abbaye sous le nom de “Caër Thnou”. “Caër” a le sens de “village” et l'ancien breton “tnou”, déformé en “traon” signifie “vallée”.
PLACE-AR-BATER: la place de la prière. Autrefois, ceux qui passaient par cette route, s'agenouillait dès qu'ils apercevaient le clocher de l'église, et disaient leur(s) prière(s) face au champ qui s'appelait “park ar c'hure” (le “champ du vicaire”).. Si quelqu'un pouvait nous en expliquer la raison, cela me plairait bien. J'ai relevé dans un cahier aux archives diocésaines, qu'une légende était attachée à ce lieu...
PONT-COAT: “pont de bois”, vraisemblablement le premier qui enjambait la rivière au lieu du même nom.
PONTIGOU: pluriel de “pontig”, “les petits ponts”; il devait exister plusieurs ponceaux à cet endroit.
PORSCLOS signifie littéralement “cour fermée”, mais avait aussi autrefois le sens “d'enceinte fermée”, de “lieu clos de murs”, de “porte d'entrée fernée”. “Clos” signifie “un enclos, fermé de murs et de fossés” et a le même sens que dans TY-CLOSTR. PORS et CLOS ont donc un sens très proche et parait donc insister sur l'aspect défensif. On retrouve semble-t-il, les mêmes idées que dans BRATBERTH, LESQUELEN, PENQUELEN, RUGORNOU...
POULL-: correspond au français “lavoir”, “mare”. D'où
POUL-AR-GROAS: il y avait autrefois une croix près de la rivière. Cette croix n'existe plus, de même que celles de Croas-an-Enor, du Goël, ... Anciennement Poul an Groes (1540)
POUL-GARZABIC (cf. Ce nom).
POUL-AR-GURUN: “Kurun” peut signifier “couronne”, “tonnerre”, mais aussi “résonnance”: il est vrai que de Poul-ar-Gurun, les cloches de Brasparts se font bien entendre. Mais est-ce la bonne explication?
PRAT-AR-BLOC'H: la “prairie du marchand” (cf. KERBLOC'H)