Voici quelques recherches d'explication concernant les noms de lieux de notre commune. Certaines sont dues à notre ancien recteur, Mr Eugène Guiriec. D'autres à des recherches personnelles. Bien évidemment, je vous invite à corriger mes erreurs ou à compléter les informations...
BENNIEL: ce nom est peut-être un dérivé du vieil irlandais “buinne” qui signifie “source jaillissante” , en roman “bigne” (cf. St Pierre Quilbignon)(
Source: Albert Deshayes, “Dictionnaire des noms de lieux bretons”). Il y a bien une source au Benniel et une fontaine existait autrefois.
Une autre explication est cependant possible: ce nom de "benniel" pourrait être l'association de "penn" et de "hiel" qui signifie "l'ivraie, le mauvais grain" mais aussi "la zizanie, la chicane". Par déduction, ce terme pourrait donc être associé avec un habitant de ce village qui aurait eu mauvaise réputation ou aurait été cause de mésentente... Coëtanlem nous indique dans son dictionnaire qu'en dialecte vannetais, l'ivraie se dit "nieel"...
Noms anciens: Bennier (1630), Benier (1653), Beniel (1655)
BENVERN: de “penn” (“morceau, bout, extrèmité) et “gwern” (“marais” et aussi “aulne”); le sens est le même dans “pennavern”, “penvern”.... A noter que des baies de cet arbre, on extrait une teinture rouge, de ses fleurs une teinture verte, couleurs du feu et de la vie.
Benvern est un ancien lieu noble de Brasparts (an Benvern, 1536)
BOHALEN: « C'est un lieu-dit dont la signification est mystérieuse pour moi. Il est possible que « boh » (ou « boc'h », ou « bouc'h ») qui veut dire « bouc » en français, soit le premier composant du mot. Si on veut y trouver à tout prix « le bouc du lac », c'est au mépris de l'orthographe et en admettant une grande usure de l'expression ». (
source: Mr le recteur Eugène Guiriec, BIB n°20)
Si l'on en croit le nom ancien, Bochalan (1645), cette hypothèse est la plus proche...
Autre approche, « halen », variante de « holen », « sel » qui pourrait être associé à « bod » ou « bot » (« buisson », mais aussi « demeure ».). L 'explication n'est pas simple dans ce cas.
Troisième possibilité: l'association de « bod » (cf. Botbern) avec « lann », dont « len » est une variante. Reste à définir « lann » qui est peut-être « la lande » mais aussi « lieu sacré, ermitage », en vieux breton. L'isolement relatif de Bohalen pourrait autoriser cette explication.
BOIS-DE-L'ISLE: “c'est l'un des rares noms de lieux qui soient employés en français à Brasparts, avec La Forêt, La petite Forêt, La Gare... On se demande d'ailleurs où se trouve cette “Ile”. On rencontre parfois l'orthographe défectueuse “L'Ils”. Peut-être s'agit-il simplement d'un minuscule îlot formé par le ruisseau qui coule au bas du bois. Je pense que la première appellation était “Koad an Enez” et “An enez”, ce dermier mot, uni à “Run”, donnant par la suite “Run-enez”... (
source: Mr le recteur Eugène Guiriec,in BIB n°20)
BOTBERN: de “bot” (“branche d'arbre avec ses feuilles”), et “bern” (“tas” en français); le verbe “bernañ” signifie “mettre en tas, amonceler”. En breton ancien, le mot “bod” ou “bot” peut signifier “demeure”.
Davies, et Coëtanlem après lui, nous disent que ce terme de “bot” nous rappelle le temps où “on était dans l'usage d'habiter les cavernes, les bois et les forêts”. Le nom de “Bodenna” en Saint Rivoal a la même signification.
A noter que les paysans de Cornouaille s'amusaient souvent à “faire sauter quelqu”un sur la berne”, ce qui signifiait le faire sauter sur une couverture tenue aux quatre coins.
Noms anciens: Botperen (1653), Boutberen (1672), Botperan (1730)
BOTQUEST: “parfois écrit Botqueste à tort; le sens probable de ce nom est “le bois (ou le bosquet) de châtaigniers” (“Bod-Kistin”). Comme le mot breton “Kistin” est fortement accentué sur la première syllabe, on arrive vite à “Kist'n”, et peu-à-peu le n final lui-même s'est évanoui” (source: Mr le recteur Eugène Guiriec, in BIB n°20)
Noms anciens: Botquest (1512), Botguest (1574), Botyest (1584)
CASTEL-DU: “Château Noir”; le terme de “kastell” s'applique en Bretagne à des vestiges d'enceintes gallo-romaines. On a effectivement trouvé des substructions et des tuiles dans ce qui pourrait être un ancien camp retranché de forme rectangulaire.
Anciens noms: Castellu (1440), Château noir (1663)
CATVERN: en vieux breton “cat” signifie “combat” mais le sens devient improbable. Je pense qu'il s'agit plutôt d'une alitération du terme “coat” devenu “cat” auquel serait associé le mot de “gwern” adouci en “vern”: donc “bois d'aulnes”. Ce village a aujourd'hui pris le nom de “
Ty ar Gardien”. On trouve dans le registre paroissial de 1684 "Cazvern dit Tygardien".
COAT-COMPES: le mot “coat” est associé au terme “kompes”, “uni des deux côtés, plain” en français. Peut-être le village se situait-il au centre d'un ancien bois qui recouvrait une partie de la “montagne” et rejoignait le bois de “l'isle”?
Anciens noms: Coatgompes (1600), Coatcompes (1625), Coatcompèz (1683)
COAT HERVEÏC: "le bois du petit Hervé"
COATIVOAL: “Le mot se compose de trois éléments: “Koad”, “Ti”, et “ar moal”, c'est à dire “le bois de la maison du dénommé Le Moal (Le chauve)”. On peut penser que le “bois de l'Ile” s'étendait autrefois jusqu'au village de Coativoal, et que cette portion du bois appartenait à la ferme de “Le Moal” qui a donné son nom à son village, situé 2km plus loin, sur la route de Brennilis, “TY AR MOAL” 'source: Mr le recteur Eugène Guiriec, in BIB n°20).
Anciens noms: Coatyuioal (1630), Coativoal (1682), Coettivoal (1683), Coat Tivoall (1685)
COSQUER: de “coz”, “vieux” et “ker”, “maison, village”. La forme du nom permet de dater ce hameau (Moyen Âge)
CREAC'H COLEDEN: "l'orthographe de ce lieu est très variable et très approximative (créac'hcoleden, crechcoledenn, créachcouleden, ...). Seule la deuxième partie du mot, à savoir « gouledenn », présente des difficultés de traduction. Je pense que c'est la forme singulative de « gueled » (le fond, le bas, la vallée) que l'on prononce souvent « goulit » pour désigner la partie basse d'une commune, par opposition à la partie haute, appelée « gorre ». Puisque « creac'h » veut dire « sommet, côte, ... », Creac'hcoledenn pourrait signifier le « sommet de la vallée".
" Les noms des villages du Goël et de Mescouel sont aussi formés à partir du même mot « gueled »" (source: Mr le recteur Eugène Guiriec, BIB n°22)
Anciens noms: Knechgoreden (1484), Creachcouleden (1634), Crechgouleden (1653), Creachgourredenn (1668), Creachgoledan (1771)
CROAS-AR-QUINQUIS: Comme pour les autres lieux-dits commençant par “croas”, celui-ci a pris le nom du monument du XIIIème siècle accolé au lieu-dit le plus proche dont il devait dépendre (cf. Le Quinquis)
CROAS-AN-ENOR: “enor”, “honneur” en français; le lieu-dit devait faire référence à une croix ancienne aujourd'hui disparue.
CROISSANT-DU-MOUSTOIR: « Croissant » par une sorte d'homophonie, est la francisation maladroite et fréquente du breton « kroas hent », « carrefour » (littéralement: route en croix). Je suppose que le carrefour en question se situe près de l'ancien moulin du Doulven, en bas de Penn-ar Ménez Doulven.
Quant à «
MOUSTOIR », il vient du latin « monasterium » qui a donné « monastère » , puis successivement, en conservant les principales consonnes: « mouster », « moustoir » et la ville de Münster en Allemagne. Il y aurait donc eu un monastère à cet endroit dans le vieux temps! (source: Mr le recteur Eugène Guiriec, BIB, n°22)
CROIX-ST-SEBASTIEN: c'est réellement la croix du Christ qui a donné son nom au quartier; elle indique la direction de la chapelle St Sébastien, à quelque chose comme 400m de la route du Faou. L'inscription porte: « 1614 (?) I CARIOV ». (source: Mr le recteur Eugène Guiriec, BIB, n°22).
La dénomination du lieu-dit semble assez récente (vers 1860).
DOULVEN, DOULWEN: « Il y a plusieurs façons d'écrire ce nom, pour la bonne raison que l'on ignore ce qu'il peut bien signifier. C'est aussi fantaisiste de le faire dériver de « Tollgwen » (« le trou blanc ») que de le traduire par « table blanche » (« daol wein »). Peut-être y a-t-il un rapport avec le ruisseau dont la cascade alimentait le moulin du Doulven: dour gwenn... Doulwenn? » (source: Mr le recteur Eugène Guiriec, BIB n°22)
Pour Albert Deshayes, dans son dictionnaire des lieux, « doulven » est un adoucissement de « toulvaen » qui est le nom du lieu en 1426. La forme du nom permet de le dater – nom du Moyen Âge (toull – ven). Cette réponse qui s'appuie sur un fait indéniable est certainement la plus vraisemblable.
Il y avait autrefois un manoir au Doulven, effectivement appelé Toulmen (1426) (an Doulven en 1536)
FAVOT: « Pas d'hésitation dans ce cas: la racine du mot est « fav » et »fao » (« hêtre »). Un lieu planté de hêtres se dit « favek », « faoennek » 'd'où « favennec » et « faoued ». Cette dernière forme s'est aisément contractée en « favod ». Dans les parages de ce lieu-dit, on trouve effectivement (mais ailleurs aussi, cette famille d'arbres, encore plus employée autrefois que de nos jours. » (source: Mr le recteur Eugène Guiriec, BIB n°22)
Albert Deshayes, dans son « dictionnaire étymologique du breton », l »explique par l'ajout au radical (fav = latin faba) de od, devenu prononcé « favot », « lieu planté de fèves ».
Anciens noms: Favedou (1659), Faudou (1678)
LA FORÊT,
LA PETITE FORÊT: ces noms sont en fait la subsistance d'anciens lieux nobles dont le seigneur vivait hors de la dite forêt (dont l'exploitation leur était réservée). Il n'y avait donc vraisemblablement pas de forêt dans ces lieux.
Le plus vieux nom relevé est La Forest (1675)
LA GARE: le nom est bien évidemment lié à l'activité du fameux “train patate” des chemins de fer armoricain Plouescat-Rosporden. Je vous renvoie à sa description dans le livre de François Dantec, “Un marchand de vin du Finistère” que vous pouvez vous procurer à la bibliothèque associative de Brasparts.:
« De Châteauneuf à Brasparts, le « train patate » se tortillait à travers les grandes prairies, les bosquets, les champs couverts de pigeons ramiers, et les paysans en « tog-chistr » dont le signe amical avaient le charme patriarcal.
A Brasparts, l'arrêt était d'un quart d'heure; il venait beaucoup de monde voir le train, des jeunes filles de quinze ans et l'inévitable « Soeiz Plonévez », nantie de sa brouette à roue de fer, qui assurait le courrier.
Quand tout était paré, on affrontait la Montagne d'Arrhée par le bois de Bodriec à la pente de treize pour cent. Isaac demandait aux voyageurs de descendre pour alléger le convoi -c'était le chef du train depuis sa création. - Bénévolement on allait cueillir la noisette ou la bruyère des bois, et les dames en jupes de velours s'en allaient derrière les buissons. »
Ce train cessa de circuler en 1932. La “gare” existe toujours...
LA GARENNE: “terrain pierreux à flanc de côteau”, ancien lieu réservé pour la chasse ou la pêche à un seigneur du lieu.
GWARENN EDERN est donc une ancienne “garenne appartenant à ou nommée Edern”. A noter que saint Tujean, recteur de Brasparts, s'était opposé à ce que saint Edern établisse son ermitage à Brasparts, près du lieu où était située la fontaine saint Edern...elle-même à proximité du lavoir...
Anciens noms: Gouarem (1621), La Garenne (1630)
(à suivre)