Nicolas Bourvon naquit à Argol le 1er Octobre 1848; s'en alla tout jeune à Beuzec-Cap Sizun près de son frère instituteur, fit ses études secondaires à Pont-Croix et, à 28 ans, en 1876, fut, à Quimper, élevé à la prêtrise.
Nommé vicaire à Primelin, il devint, fait assez rare, recteur sur place. Et voilà à peu près tout ce que l'on sait sur les vingt-deux premières années de son ministère. Il dut pourtant être beaucoup estimé à Primelin, et même beaucoup aimé, pour que, 42 ans après son départ, une nombreuse délégation de Capistes n'ait pas hésité, afin d'assister aux obsèques, « à entreprendre un long voyage, malgré l'inclémence du temps, et ne se soit pas découragée devant les pannes successives d'auto ».
En mai 1898, il est installé comme recteur à Brasparts.
Il obtint pendant son ministère l'agrandissement du cimetière, y transporta la grande croix de mission, dota l'église d'un beau chemin de croix, répara les chapelles de Saint-Sébastien et de Sainte-Barbe, remplaça les deux vieilles cloches, le "kloc'h bras Brasparts", par un carillon de quatre cloches à la voix un peu grêle qui donne successivement le LA grave, le SI, le DO dièse et le MI..
Brasparts avait déjà une école libre de filles: M. Bourvon voulut une école chrétienne pour les garçons. Il sollicita des bienfaiteurs et n'eut pas de cruelle déception: ils furent généreux.
Dès septembre 1899, s'ouvrait l'école Saint-Michel, confiée aux frères de Ploërmel et qui fut longtemps très prospère: une vraie pépinière de vocations pour la congrégation...
Le recteur Bourvon restera à son poste jusqu'en 1936, renonçant à sa mission à la suite d'un accident domestique, et terminera ses jours au presbytère de ... Brasparts ! Il est inhumé près de celui qui fut son plus grand ami, l'abbé Salaün.
Nicolas Bourvon est donc à l'origine des cloches actuelles de Brasparts. Leur baptême fut l'occasion d'une grande et belle cérémonie, avec la présence de monseigneur Dubillard, évêque de Quimper et Léon, et de monsieur Chevillotte, député du Finistère.
Notons que lors du baptême, Nicolas Bourvon avait auprès de lui deux vicaires, Jean Le Pape (1869-1918) qui sera recteur de Lannédern en 1915, et Jean Yves Féroc (1871-1930) qui deviendra recteur du Pont-de-Buis en 1909 avant d'être nommé curé doyen de Scaër en 1925.
Voici le procès-verbal de ce baptême puis la description de ces quatre cloches, description extraite du BIB n°22
Pour mieux comprendre ces textes, voici quelques explications complémentaires:Monseigneur François-Virgile Dubillard, évêque de Quimper et Léon, est né à Soye (Doubs) le 16 février 1845. Ordonné prêtre en 1869, il officie d'abord dans le diocèse de Besançon où il est successivement professeur de dogme (1872) puis supérieur du grand séminaire (1881). Le 9 décembre 1899, il est nommé évêque de Quimper et Léon, et est classé alors parmi les évêques libéraux: un de ses premiers gestes est de participer à la fête nationale du 14 juillet. Mais il évolue vite et devient le champion du camp intransigeant face à la politique du Bloc des Gauches: il combat les entreprises du gouvernement Combes pour interdire la catéchèse et la prédication en langue bretonne (1902-1903), polémique avec Monseigneur Lacroix qui préconise une abstention rigoureuse du clergé dans les campagnes électorales, fait partie de la fraction de l'épiscopat immédiatement hostile à tout accommodement avec la loi de Séparation (1905-1906), s'oppose avec une partie du clergé finistérien favorable aux thèses de la démocratie chrétienne (en particulier du Sillon). Sa nomination à Chambéry le 16 décembre 1907 apparaîtra comme un moyen de dénouer une situation passionnelle et explosive. Monseigneur Dubillard sera créé cardinal en 1911 et décèdera à Chambéry le 1er décembre 1914.
Concernant les parrains et marraines des cloches:La première cloche est nommée « Marie Léonie Renée Charlotte ».
Ses parrain et marraine sont:
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Jean Charles Chevillotte, député de 1885 à 1889 (Union des Droites), né à Brest (Finistère), le 3 février 1838, armateur dans cette ville, président de la Chambre de commerce depuis 1878, et président, depuis 1883, du tribunal de commerce, fut nommé conseiller municipal de Brest par les conservateurs.
Il fut un des promoteurs de la fondation des « écoles libres », après la laïcisation.
Comme armateur, il avait créé plusieurs lignes de bateaux à vapeur reliant le port de Brest aux autres ports français, le Havre, Bordeaux, Dunkerque, et, comme membre et président de la Chambre de commerce, il avait publié un certain nombre de rapports sur les tarifs de transport par chemin, de fer, sur la marine marchande, sur les traités de commerce, sur la législation commerciale, quand il fut, le 4 octobre 1885, porté candidat à la Chambre des députés sur la liste conservatrice : il fut élu le 6e, par 61,440 voix (121,966 votants, 167,617 inscrits).
Il prit place à droite, vota contre l'expulsion des princes, contre le projet de loi sur l'enseignement primaire, pour le maintien de l'ambassade du Vatican, contre les divers ministères de gauche qui occupèrent le pouvoir. Dans la dernière session il s'est prononcé : contre le rétablissement du scrutin d'arrondissement (11 février 1889), pour l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution, s'est abstenu sur les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes, et a voté contre le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse, et contre les poursuites contre le général Boulanger.
De nouveau candidat aux élections générales du 22 septembre 1889, dans la première circonscription de Brest, Chevillotte n'obtint au premier tour de scrutin que 2.039 voix sur 21.729 inscrits et 11.492 votants. Il n'arrivait qu'en troisième position derrière Gestin et de Gasté, ingénieur en retraite, avocat, ancien député, qui fut élu au second tour. Chevillotte s'était retiré.
Grand armateur, comme le signalaient Robert et Cougny, il se passionna également pour l'éducation des travailleurs des campagnes, et fonda une école d'agriculture qui porte son nom.
Il mourut à Monte-Carlo le 6 mai 1914 à 76 ans et fut inhumé à Brest le 29 mai suivant.
(Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (J.Joly) et de ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. II, p. 96.)
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Marie Joséphine Jeanne de Kerret, comtesse de Bourbon, est la fille du vicomte René de Kerret, née à Lyon le 13 septembre 1866, héritière de Quillien; elle avait épousé à Paris le 2 juillet 1888 le comte Marie-Louis-Gabriel-Georges de Bourbon-Busset de Linières, châtelain de Botz près Besson (Allier). La comtesse restera toute sa vie très attachée à Brasparts, poursuivant l'œuvre de son père dans la commune. La comtesse de Bourbon est décédée en 1958.
La seconde cloche est nommée « Anne Marie Augustine » en souvenir de la fille aînée du parrain, décédée en bas âge.
Ses parrain et marraine sont:
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Jean François Masson, notaire à Brasparts depuis 1887, originaire de Lopérec, époux de Marie Anne Cécile Brélivet (tous deux décédés à Brasparts en 1906).
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Anne Sizun (1851-1911), originaire du Moënnec, cultivatrice-propriétaire à Brasparts, et veuve de Yves Marie Rolland (1853-1890)
La troisième cloche est nommée « Françoise Marie Anne » du prénom de la marraine et en souvenir de la première épouse de Jérôme Kerdévez.
Ses parrain et marraine sont:
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Jérôme Marie Kerdevez (1865-1914), cultivateur à Guernandour, marié avec Anne Marie Le Menn (1875-1948)
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Marie Françoise Kerguélen (1848-1929), commerçante à Brasparts, épouse de Jean Cariou (1846-1915), débitant de vins
La quatrième cloche est nommée « Marie Louise Suzanne » des noms de sa marraine et de la seconde épouse du parrain, Suzanne Le Meur (1878-1909)
Ses parrain et marraine sont:
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Jean Michel Frabolot (1861-1934) , propriétaire-cultivateur et marchand de vins à Brasparts. Il est le père de « Manu » Frabolot.
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Marie Louise Corre cultivatrice de Penavern, née à Runénez en 1858, est l'épouse de Yves Julou, cultivateur et fabricien.
Les autres personnes inscrites sur les cloches sont:
- Yves Guillou, maire
- Hervé Mével, président du Conseil de Fabrique, cultivateur (1872-1950)
- François Dantec (1877-1940), trésorier du Conseil de Fabrique, secrétaire de mairie depuis 1902
- Louis Pierre Marie Cariou (1840-1927), cultivateur, ancien maire de Brasparts, fabricien
- Jean Louis Glévarec (1844-1916) cultivateur, fabricien
- Jean François Saliou (1852-1929), maître d'hôtel, fabricien
Cornille-Havard est un fondeur de cloches de Normandie, installé à Villedieu les Poëles
La famille Le Jamtel était une vieille famille de négociants de Guingamp, dont l'un des frères, Paul (1877-1946) fut le fondateur de l'office HLM de Guingamp (1928). Cette famille fit partie des « grands donateurs » ayant permis le financement des cloches de Brasparts.