Pierre armoriée du manoir de Penquélen

François Joncour avait offert la photo de cette pierre à la société archéologique du Finistère dont il était membre. Louis Le Guennec la définissait ainsi:
“C'est semble-t-il le pennon héraldique de Jacques de Kersaintgily, seigneur du Squiriou, et de sa femme, Marie de Moëllien, vivant en 1632. On y retrouve en effet leurs armes alliées, entourées de plusieurs autres blasons, parmi lesquels ceux des Huon du Squiriou, Kergounadec'h, Lanroz, Le Chever et Kergoët”. (in “bulletin de la société archéologique du Finistère”, 1924, p. XXVII)

En considérant la pierre, de haut en bas, et de gauche à droite, nous trouvons les armoiries suivantes:

1.« d'or à un lion de sable, à la fasce de gueules brochantes sur le lion » (Jacques de Kerhoent) ou « d'or au lion morné de sable » (Léon), « brisé d'une fasce en divise de gueules » (Penhoet)

2.“échiqueté d'or et de gueules” (Jeanne de Kergounadec'h, dernière du nom, épouse de Alain de Kerhoent)

3.“d'or à une étoile de gueule” (Lanros)

4. “fascé de gueule (?), au chevron d'argent brochant, accompagnée de trois croix pattées...”

5. “de gueule, à cinq croisettes recroisettées d'argent en croix” (Huon du Squiriou, devise: “Birviquen” “Jamais”)

6.armoiries conjointes “de sable à six trèfles d'argent” (Kersaintgilly, devise: “florent sicut lilium”) et “d'azur à trois fers de lance d'argent posés en pale” “(Marie de Moëllien, devise: “Sell pobl”, “Regarde, peuple”). L'écu est partagé entre ces deux familles.

7.« losangé d'or et de sable » (Kerhoent; devise: “Bennoz Doué”, “Dieu soit loué”)

8.“d'argent, à cinq fusées, rangées et accolées de gueule, accompagnées en chef de quatre roses de même”, (Kergoët, devise: “en bon chrétien, je vis en Dieu”)

9.?

10.« d'or au lion morné de sable » (Léon)

11.“d'argent à la croix pattée d'azur chargée de cinq quintefeuilles d'argent” (Le Chever)

Si un dessinateur se trouve parmi les lecteurs, il pourra peut-être s'entraîner à reconstituer ces armoiries avec les bons émaux et métaux... et nous compléter ce message![i]

Bonjour

Cette pierre armoriée a attiré mon attention : j'en possède un cliché un peu différent.
Je l'avais photographiée à la fin des années 1980 : elle était alors encore imbriquée dans un mur.
Mais je ne me souvenais pas que ce fut le manoir de Penquelen.
Aurait-elle été déplacée lors de travaux de réfection ?

Il m'intéresserait de savoir quel a été son voyage depuis ma visite !

La voici telle que je l'ai vue :


(Historienne de formation, et ayant de nombreux ancêtres dans les Monts d'Arrée, en particulier Saint-Rivoal/Lopérec et Sizun/Commana, je suis à l'affut de connaitre l'évolution du patrimoine du secteur, et friande d'en savoir toujours un peu plus sur l'histoire locale).

Bien cordialement
Anne-Françoise GRALL-PERES

bonjour
cette pierre se trouvait effectivement au manoir de Penquélen, sur une crèche... elle a heureusement été récupérée et sauvée par là même de la disparition par un particulier... Je possède quelques photos anciennes et une carte de François Joncour que je vais rechercher et que je mettrai en ligne..;

Je me fais le plaisir de joindre à ce message le travail réalisé par notre nouveau membre, KOMBOD. Je le remercie vivement, au nom de tous les Braspartiates! Voilà du beau travail!



KOMBOD écrit:
"Vous demandiez un dessinateur. Je Possède qqes connaissances en matière d'héraldique.
En ce qui nous concerne:

1) Peut-être Huon (Pleyber-St Thégonnec à l'époque),
3) Lanros une molette au lieu d'une étoile,
7) Kerhoënt: losangé de sable et d'argent
Source Potier de Courcy."

En ce qui concerne la localisation de ce pennon armorié, il est possible de me contacter sur la messagerie du forum...

Bonsoir

Merci de vos réponses et de la rapidité de Kombod à "coloriser" ce pennon.

La partie 7 me semblait plutôt de frettes dans la version sculptée...?
Seule l'étude approfondie des alliances des seigneurs du Squiriou donnerait une interprétation complète.

Mais avoir retrouvé la localisation exacte de ce pennon, et savoir qu'il a été sauvé, c'est déjà pour moi une belle avancée en peu de temps !
Encore merci.

A wir galon

Anne-Françoise

Voici la carte de François Joncour : c'est cette photo qui fut transmise à la société archéologique du Finistère.
Je n'ai pas retrouvé les autres photos que j'avais prises il y a fort longtemps mais qui correspondent à la votre.
Le travail de M. Kombod est très intéressant, même si certains blasons ne correspondent pas exactement à ce que l'on voit sur la pierre et ainsi que le fait remarquer Mme Grall-Pérès...

Petite précision sur un nom : il s'agit de la famille des KergouRnadec'h , du Léon (on trouve parfois Kergournadeac'h), parents aux Kersauzon ; les ruines encore impressionnantes de leur château (situé en Kleder) sont visibles de la route.

L'étymologie du nom est valeureuse : c'est l'habitation/village (ker) de l'homme (gour un très vieux nom que l'on retrouve dans quantité d'anthroponymes tel Gourmelon, Gourvily etc.) qui ne fuit pas (na dec'h; terc'hel kuit : fuir).

Villa viri non fugientis ; (ker gour na dec'h en latin)
Miles erat tune (=tunc) temporis (=il était soldat/chevalier à ce moment-là).

Seuls les seigneurs de Kergournadec'h avaient le droit d'entrer dans le choeur de la cathédrale et d'aller à l'offrande à St-Pol de Léon, "bottés, éperonnés et l'épée au côté" !

Je reprends ici qques textes trouvés sur le web :
"Le premier dont il y soit fait mention, après celui des légendes, est Olivier de Guergournadeach, qui vivait en 1288 ; Guyomar, son fils, se signala dans les guerres de Montfort et de Charles de Blois. Fait prisonnier dans une rencontre, il déclara qu'il aimait mieux mourir que de vendre un petit coin de sa terre pour payer sa rançon, tant il aimait son vieux château ! En quoi ses descendants l'ont imité ; car on les voit sans cesse mettre leur vieux château sous la protection spéciale des ducs, et non-seulement le vieux château avec les officiers, serviteurs, damoiseaux, mais les pigeons et les lapins du dit château. La terre de Kergournadeac'h passa, vers 1504, dans la famille de Kerhoënt, par le mariage d'Alain de Kerhoënt avec Jeanne de Kergournadec'h, héritière de sa maison. Olivier de Kerhoënt, fils des précédents fut seigneur de Kergournadec'h, chevalier de l'Ordre de Saint-Michel, il fut enterré en décembre 1594 en l'église paroissiale de Cléder. Ledit Olivier de Kerhoënt, seigneur de Kergournadec'h, avait épousé en 1559 Marie de Ploeuc, dame de Coëtenfao. Leur fils François épousa Jeanne de Botignau, dont il n'eut que deux filles, Renée et Claude de Kerhoënt, « et le bonhomme a dit depuis que s'il avait eu des garçons, comme il n'avait que des filles, il leur eût fait prendre le beau nom de Kergournadeac' h, comme déjà lui et feu son père Olivier en avaient pris les armes plaines échiquetèes d'or et de gueules, et laissé celles de Kerhoent, qui sont lozangées d'argent et de sable. » Renée de Kerhoënt, sa fille aînée, épousa, le 1er mai 1616, à l'âge de quinze ans, Sébastien, marquis de Rosmadec, baron de Molac et de Tyvarlen, gouverneur de Dinan et de Quimper. «. Lequel ayant été mis, en son jeune âge, à l'académie du sieur Benjamin, s'était rendu si adroit à tous les exercices, qu'il avait gagné plus de trente bagues aux assemblées de noces et autres cérémonies où il s'était trouvé.» Il fit rebâtir le château de Kergournadeac'h, que Vulson, qui y avait séjourné quelque temps, disait être l'une des plus belles et régulières maisons, en son architecture, qui se pussent voir en France. » "