Le choeur de l'église de Brasparts contient 4 blasons, réalisés vers 1890, que je vous propose de découvrir en les décrivant successivement.
Le premier, côté nord, est reconnaissable par quiconque connait un peu notre histoire.
“Potius mori quam foedari”: plutôt la mort que la souillure, était la devise d'
Anne de Bretagne, devise symbolisée par l'hermine. Les
armoiries sont celles des
ducs de Bretagne: “d'hermine plain”
Katholik ha breizad bepred: “Catholique et Breton toujours” est le titre d'un chant religieux breton qui servit notamment d'étendard aux catholiques lors des fameux inventaires de 1906. Je recherche les paroles de ce cantique...
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Le
second, également côté nord, est celui du Pape Léon XIII.
Leo XIII, pontifus maximus:
Léon XIII, souverain pontife de 1878 à 1903, fut l'un des grands papes de l'Histoire. Auteur en particulier de l'encyclique fameuse “De rerum novarum” qui dénonce tant l'exploitation des ouvriers que “la peste mortelle” que représente le marxisme. Il y critique le libéralisme outrancier et son régime de concurrence effrénée qui réduit les ouvriers à la misère. Il recommande l'association fraternelle des travailleurs et l' intervention de l'Etat pour régler les rapports entre patrons et ouvriers.
Ses
armoiries: “Pecci d'azur, à un pin de sinople, terrassé du même, accompagné au canton senestre du chef d'une comète d'or, la queue en bas, à la fasce d'argent, brochant sur le pin, le fût accosté de deux fleures de lys d'or”. Sa devise: “Lumen in caelo.”
“Tu es Petrus” rappelle la parole du Christ à saint Pierre: tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise.
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Le
troisième, côté sud, représente les armes de
monseigneur Jacques-Théodore Lamarche, évêque de Quimper de 1887 à 1892. “D'azur à la croix d'or, au chef d'hermines”. Son cri: “Doué hag ar Vro”.
Monseigneur Lamarche, prêtre parisien, aumônier des armées en Crimée puis pendant la guerre de 1870, accompagna les prisonniers dans leur détention. Curé des Batignolles, nommé évêque de Quimper, le 25 novembre 1887, il soutint le Pape dans sa reconnaissance de la République et le clergé breton, dans sa majorité, le suivit, tout en entrant dans le combat politique.
Il fut un ardent défenseur des écoles chrétiennes, encouragea les prêtres bretons émigrés vers d'autres cieux dans leur mission (Paris, Angers, Le Havre, ...), fit couronner Notre Dame du Folgoët, introduisit les causes de béatification du père Maunoir et de dom Michel Le Nobletz, et sut faire connaître et apprécier l'encyclique “Rerum Novarum”.
Malade, il mourut le 15 juin 1892 à Quimper. Le choix qu'il fit de ses armoiries épiscopales et de sa devise représente un vrai programme au sein de l'église de Cornouaille.
Monseigneur Lamarche n'avait aucun lieu de parenté avec l'ancien évêque de Léon.
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Le
quatrième, est celui de
l'archange Saint Michel.
« Michael quis ut Deus vel mira virtus, decem ejus privilegia... »(Michel « qui est comme Dieu .. »)
“Après l'adorable nom de Jésus, qui fait fléchir tout genou au ciel, sur la terre et dans les enfers” ; après le nom suave et béni de Marie, parfum de salut qui exhale la grâce divine”, dit saint Ambroise, “est-il nom plus digne de respect que celui du glorieux prince des célestes phalanges ? “
L'expulsion de Satan du Paradis par l'Archange Saint Michel reste le symbole de la victoire du Bien sur le Mal: Lucifer et sa troupe sont jetées aux enfers. La chapelle qui lui est dédiée au sommet de l'Arrée reste dans cette logique: le Yeun où se situe l'entrée de l'Enfer dans le légendaire breton est surveillé et Satan peut y appliquer sa devise, celle que lui attribuait le poète: « Plutôt règner en Enfer que servir au Paradis ». Michel est donc un exemple pour le peuple chrétien, assurer de vaincre le Mal.
Les fleurs de lys et les coquilles rappellent que Saint Michel est le saint patron de la France (le coq qui est sur le toit des églises est son symbole)