Des funérailles à Brasparts en 1845

Voici un texte intéressant, extrait lui aussi de l'ouvrage du baron de la Pylaie: l'occasion de mettre à profit quelques recherches généalogiques qui pourront intéresser quelques descendants des personnages décrits dans ce passage.

Celui-ci concerne les funérailles de François Le Baut, cultivateur du Benniel, décédé le 1er janvier 1845, à l'âge de 66 ans. Son épouse, Marie-Renée Cloarec, l'accompagnait à sa dernière demeure.

L'acte de décès est signé par le premier adjoint au maire, Jean François Messager, aubergiste à Brasparts, qui assure les fonctions de premier magistrat de la commune depuis le décès du titulaire, Jacques Le Bretton, notaire à Brasparts, célibataire, dont la mort est survenue le 8 décembre 1844.

Le bedeau dont il est fait mention dans ce texte n'est autre que Pierre Yves Le Meur, né le 27 germinal an X au bourg de Brasparts, menuisier, chantre et bedeau, était fils de Corentin Julien (1764-1839) et de Marie Anne Glévarec (1762-1853). Époux de Marie Jeanne Fresc, qu'il avait épousé le 7 novembre 1827, il était le père de 8 enfants et s'était complètement investi dans ses fonctions, offrant même au voyageur une sorte de caricature.

Quant au recteur, Jean Paul Léon, originaire de Lopérec, en charge depuis 1838, voici ce qu'en disait le baron: « La cure est maintenant confiée, comme un lieu de retraite, à un digne ecclésiastique, M. Léon, qui avait occupé précédemment celle de Saint-Mathieu, l'une des paroisses de Quimper. On l'avait chéri dans la ville épiscopale, et dans Braspars il sait mériter le même attachement et la même considération. Je ne dois pas taire qu'en entrant dans son salon, j'eus le plaisir de le voir décoré d'un grand tableau de cosmographie, de cartes astronomiques et géographiques, etc., ornements trop rares, qui m'auraient suffi pour me faire juger l'homme que j'abordais, si je ne l'eusse connu dès Quimper, par ses ex-paroissiens. Mais j'eus le regret de le trouver retenu au lit par la goutte: il en souffrait au point qu'il ne put célébrer l'office le jour de Noël ». M. Léon décédera à Brasparts en 1850.

Son vicaire était M. Hervé Combot, originaire de Saint-Pol-de-Léon.

Voici donc cet extrait:

« J'eus aussi l'occasion de voir les usages de cette paroisse relativement aux enterrements, lorsque le décès a lieu hors du bourg.

C'était un ancien fermier qui avait succombé sous le poids des années dans un village éloigné. Le corps fut amené à l'église sur la charrette de la maison, qu'on avait recouverte avec deux draps de lit tendus sur des cerceaux. Elle était attelée de deux boeufs et de deux chevaux en avant. Un enfant, tenant une petite clochette qu'il agitait de temps en temps, marchait en tête pour annoncer l'arrivée du convoi; venait ensuite un villageois portant la croix d'argent, suivi du chantre.

Celui-ci marchait à côté d'un simulacre de prêtre, Pierre Le Meur, en surplis, qui remplaçait le clergé. Nous ne devons pas omettre que ce Pierre Le Meur est l'Omnis homo dont nous avons parlé précédemment; chez lui la forme s'est enfoncée dans la matière, si bien que sous le surplis on l'eut pris au moins pour un sous-diacre. Le char funèbre s'avançait pas à pas, suivi des parents et amis: ils marchaient tous pêle-mêle, mais avec un profond recueillement.

On fit halte à l'entrée du cimetière, et pendant qu'on était à prévenir M. le recteur de l'arrivée du convoi, la châsse fut extraite de la charrette. A la vue de celle-ci, une profonde tristesse se fit remarquer parmi tous ces paysans: les proches furent touchés jusqu'au cœur, et j'aimai à voir ces mêmes hommes, si fréquemment insensibles aux besoins des leurs lorsqu'ils souffrent, manifester par des larmes les sentiments d'un sincère attachement.

Bientôt arriva M. le recteur accompagné de son vicaire, et le corps fut introduit dans l'église, où beaucoup d'habitants du bourg vinrent joindre leurs prières à celles des proches et des amis du défunt. »