Nombreux sont ceux qui ont cherché l'origine du nom de Brasparts et son explication. En fait, deux explications dominent: celle de Marteville et Varin qui nous donnent une traduction littérale de deux mots bretons modernes associés – bras et parz – et celle plus recherchée de vocabulaire de l'ancien breton. Cette dernière prenant appui sur le document le plus ancien que nous possédons, le cartulaire de Landévennec. Nous noterons que la situation géographique et la toponymie semblent conforter la seconde hypothèse.
Il est également intéressant de noter que la tradition situe la tombe du roi
Konomor au village de La Motte en Brasparts. Si l'on en croit la légende, Konomor serait un prince breton venu de l'île de Bretagne qui aurait conquis une grande partie du Finistère Nord (monts d'Arrée et Poher inclus), y aurait installé ses lieutenants sur des points clés (la vicomté du Faou) en y créant des sites fortifiés (Brathberth serait l'un d'entre eux).
Une autre tradition donne Konomor pour un lieutenant de Chilpéric qui l'aurait chargé de controler à son profit la région du Poher. Cette tradition est intéressante, car elle rejoint partiellement l'histoire de notre premier recteur, saint Jaoua, qui fut lui responsable de la christianisation de cette région... Nous noterons que Konomor apparaît dans la vie de nombre de nos saints -dont Saint Pol de Léon, Saint Lunaire, Saint Samson, ..., avec lesquels il est en dispute. Pour Nora Chadwik, cette opposition s'explique par le fait que Konomor représentait le pouvoir franc et l'église latine faisant face à la chrétienté celtique. Jean Markale le donne quant à lui pour un chef breton qui aurait obtenu le pouvoir légal de l'empereur (in « La tradition celtique en Bretagne Armoricaine », Payot, 1975)
Brasparts dans les ouvrages anciens et modernes
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Cartulaire de Landévennec (XIème): Possessions de l'abbaye (XXXIV De Bratberth): Rudheder Carrent Luphant Caër Niuguinen Caër Thnou. Ces noms de villages correspondent à ceux de Roudouderc'h (aujourd'hui en Saint Cadou), de (Luphant ?), du Niven et de Pentraon.
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Cartulaire de Redon (XIVème): Braspers puis Brasperz (1516) (même écriture dans le cartulaire de Quimper en 1574)
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Lettre et mandement de Jean V (1406): Brazperz
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Témoignage de Guillaume LEROY (1493), “demeurant au bourg de Brazberz” (Enquête relative à la prise d'un seigneur breton, qui tenait le parti des Français contre la duchesse Anne, 1493, in Bulletin de la société archéologique du Finistère, 1876)
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Carte de Bretagne du sieur Hardy (1630): Bras Part
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Albert le Grand (1636): Brasparz, Brazparz in « La vie des Saints de Bretagne »)
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Ogée (vers 1780) : "Bras-Parts, dans les montagnes d'Arès, près de la forêt de Guilliers, ..." (Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne; vers 1780)
* Cadastre de 1813:Braspars
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Marteville et Varin (1843) : "Bras-partz signifie mot à mot grande paroisse".(continuateurs et correcteurs d'Ogée, vers 1843; Rééditions régionales de l'ouest. Mayenne. 1993.)
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Baron de la Pylaie (1845): “Le nom de cette commune nous offre, depuis son origine, une fixité complète que n'ont pas eue ceux de beaucoup d'autres. On le dit ordinairement composé des mots bras, grand, et parrez, changé par contraction en parz, qui signifie paroisse; mais notre savant compatriote, M. le comte de Blois, pense que le mot pars dériverait plutôt du mot ancien parth, qui signifie partie, lot, portion, et dans lequel le th anglais se serait changé en s en raison de sa prononciation dentale sifflante, qui se rapproche un peu de notre lettre z. Dériverait-il encore de park, champ, domaine, où le k eût été remplacé par une s? C'est à nos savants de décider cette grande question. Au reste, comme une paroisse ou commune est la fraction d'un plus grand domaine, c'est-à-dire d'un arrondissement, que le mot pars soit provenu de parrez ou de parth, le fond de la question reste le même, puisque ces deux mots signifient la portion d'un territoire.
Comme la commune de Braspars ne renferme encore que 3,000 habitants, malgré son ancienneté, je présumerai en conséquence qu'elle a reçu le nom de grande, plutôt par rapport à son premier pasteur saint Jaoua, que par son importance politique dans la contrée.
L'origine de Braspars doit être antérieure à l'introduction du christianisme dans cette partie de l'Armorique, puisque sa population au Vième siècle ne se composait que de gens dont la plupart étaient encore restés fidèles aux superstitions des païens ou du culte druidique. Du reste, il en était ainsi dans beaucoup d'endroit de la Cornouailles.”
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Chanoine Abgrall (1903): “Cette paroisse est mentionnée au Cartulaire de Landévennec sous le nom de Bratberth...” (in “Bulletin de la commission diocésaine d'architecture et d'archéologie”, 1903)
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Dauzat et Rostaing (1963-1978) : "breton bras, grand, et second élément obscur".(Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France. Larousse, 1963; Guénégaud, 1978.)
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Bernard Tanguy (1990) :Bratberth, XIè siècle; Brasperz, 1368; Brazberz, 1376; Brazperz, 1407, 1496; Brasparts, 1536; en breton : Brasparz.(Dictionnaire des noms de communes, trèves et paroisses, du Finistère. Chasse-Marée / Ar Men. 1993.)
" Bâti sur un escarpement, le bourg de Brasparts occupe un site propre à l'établissement d'un ouvrage défensif que son nom pourrait impliquer. Il s'agit, en effet, d'un composé formé d'un premier élément correspondant au gallois brathu "piquer" plutôt qu'au breton bras "grand" et d'un mot perz, identique au gallois perth "haie, buisson". Attesté en toponymie par Persquen (Morbihan), Persuel, en Crozon, Persivien, en Plouguer, Hilbers, en Plouay (Morbihan, Berbouguys (Berz Bouguys en 1544) en Plougonvelin, etc, le mot a subi, comme dans Hilbars, village de Saint-Yvi, noté Hilbertz au XVIè siècle, et formé avec le breton hir "long", l'attraction du breton parz "partie"
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Erwan VALLERIE (1995): “ Bratberth, XI°. Brasperz, XIV°. Braspaers, 1368. Brazberz, 1376. Brazperz, 1406. Brasperz, 1516. Bras Part, 1630. Brasparz, Brazpars, 1636. Braspartrs, 1709. Bras-Parts 1779” (Traité de toponymie historique de la Bretagne, An Here, 1995)
“Du fait qu'il serait bien hasardeux d'y envisager un contre-effet de la prononciation française sur la bretonne que l'on décèle dans BRASPARTS, il est malaisé de déterminer si c'est à [el]>[er]>[ar] ou à [ael]>[al]>[ar] que nous avons affaire...
Le -rts dans Brasparts provient peut-être d'une graphie française antérieure -rtz et sous l'influence du français 'part'...
Brasparts, [braspar] en français, ne correspond ni à la phonologie bretonne, qui demande [braspars], ni à la française, où l'on attendrait [brapar], [sp] se réduisant à [p] dans cette langue.”
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Éditions Flohic (1998) : "de bras, correspondant au gallois brathu, piquer, et de perz, qui vient du gallois perth, haie ou buisson".( Le patrimoine des communes du Finistère. 1998.)
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Hervé Abalain (2000) : "Bratberth au XIè siècle; Braspers en 1368; "la grande paroisse", ou plutôt ouvrage défensif; voir Bernard Tanguy ..."(Les noms de lieux bretons. Universels Gisserot. 2000.)