Voici un article particulièrement intéressant sur la mentalité Braspartiate. Paru dans un BIB, je lui apporte juste quelques éclaircissements quant aux personnages évoqués ainsi qu'un plan du bourg de l'époque (extrait du cadastre de 1813, consultable à la mairie de Brasparts...)
Pour mieux comprendre le contexte:
Pierre Vincent Dombidau de Crouzeilhes est né à Pau le 19 juillet 1751. Fils d'un membre du Parlement du Béarn, il fut ordonné prêtre le 23 décembre 1775. En 1788, il devint vicaire général de l'archevêque d'Aix, Monseigneur de Boisgelin, qu'il suivit en exil à Londres pendant la Révolution, puis en 1802, à Tours, nouveau diocèse de l'archevêque. Il fut nommé évêque de Quimper le 30 janvier 1805. Sacré à Paris le 21 avril, il entrait dans son diocèse le 15 octobre.
Mgr Dombidau de Crouzeilhes, dont le prédécesseur à Quimper dépassé par les problèmes avait démissionné au bout de deux ans, est le véritable restaurateur du nouveau diocèse de Quimper. S'il ne parvint pas à réconcilier en vérité les anciens constitutionnels et les insermentés, il réussit une amorce sérieuse de fusion entre les anciens diocèses de Cornouaille, Léon et Tréguier. Il réorganisa le séminaire, pour lequel il obtint en 1817 un domaine spacieux dans l'ancien enclos des Calvairiennes; il fonda le petit séminaire de Pont-Croix l'année de sa mort en 1823; il obtint le rétablissement de nombreuses communautés féminines d'enseignantes et d'hospitalières; il créa les fabriques et mit en place un système financier nouveau pour la gestion du diocèse. Ses efforts au profit des écoles presbytérales lui permirent d'ordonner plus de 150 prêtres en 5 ans et de lutter efficacement contre le manque de prêtres.
Monseigneur Dombidau de Crouzeilhes fit preuve d'un double comportement:
soutien au régime en place, encensant successivement Napoléon puis Louis XVIII; attitude qui lui permit notamment de récupérer son palais épiscopal dès 1809, et surtout de passer outre ses différents avec les Préfets et les autorités locales;
mais conflits fréquents avec les préfets, les autorités locales et le clergé du diocèse, qui finalement cédèrent en tout point devant sa position intransigeante: l'épisode du mur du cimetière de Brasparts, pour anecdotique qu'il fut, en est un exemple caractéristique! A noter que la suspension « a divinis » correspond à une interdiction au prêtre d'exercer son ministère: situation traumatisante pour une population rurale extrêmement pieuse et soumise à l'autorité ecclésiastique...
Il décéda presque subitement le 26 juin 1823 dans son palais épiscopal qu'il était parvenu à récupérer dès 1809. Il avait refusé, quelques mois avant sa mort, l 'évêché de Rouen.
(Sources:
"La Bretagne, dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine", Beauchesne, 1990
Clergé de Quimper et Léon 1801-2008, archives du diocèse de Quimper
Frère Filibert, "Le restaurateur du diocèse de Quimper et Léon", in "La Chronique de Landévennec")
François Le Cann, né à Pleyben le 6 mars 1753, a été ordonné prêtre en septembre 1777; il fut curé de Pleyben, curé du Cloître Pleyben (1789) puis de Lothey (3 février 1790). Insermenté, il resta caché jusqu'à l'an III puis déclara son domicile à Châteaulin le 10 germinal an III. Retourné à Lothey l'année suivante, il se cacha à nouveau avant de revenir à Lothey en 1803; recteur de Brasparts de 1804 à 1814, il fut muté à Saint Goazec le 2 mars après l'affaire du mur du cimetière. Il sera ensuite curé de Châteaulin (1er mai 1815) où il décèdera le 1er octobre 1819. A noter l'appréciation de Mgr Conen de Saint-Luc, dernier évêque de Léon: "Joli sujet de grande espérance. Bon enfant. Excellent caractère. Homme de confiance du recteur." (sources: D. Bernard, Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, 1955; et Yann Celton, archiviste du diocèse de Quimper).
Joseph Abgrall, né à Saint-Sauveur le 11 décembre 1775, fut ordonné prêtre en 1811; d'abord vicaire à Loctudy, il fut nommé recteur de Brasparts lors de l'affaire du « mur du cimetière de Brasparts; il y restera jusqu'en 1818, date de sa nomination comme curé de Pleyben. Il décède le 8 février 1842 à Loctudy après avoir été également recteur de Meilars (1824-1828).
Jacques François Haranchipy, négociant, propriétaire né à Brasparts le 13 février 1767, d'une famille d'avocats au Parlement de Bretagne (Haranchipy, Le Bronnec, Héméry...), fut nommé maire de la Commune provisoire de Brasparts en 1793. Rallié à l'Empire puis à la Restauration, il y restera jusqu'en 1816.
Louis Jean Le Taro, huissier et officier municipal à Brasparts depuis la Révolution, est né le 7 octobre 1769 à Châteaulin, fils de Hervé et de Louise Guénolay. Décédé à Brasparts le 24 janvier 1840.
Tous deux font partie des notables de Brasparts où ils ont acquis une solide notoriété de modérés depuis la Révolution. Ils ont fait partie des signataires de la pétition visant à ramener dans la paroisse le prêtre insermenté...