Les Bretons ont toujours eu un culte et une grande vénération pour leurs morts. L'ossuaire de Brasparts est l'un des plus anciens reliquaires du Finistère – avec celui de Pleyben – et aurait été créé vers 1550 ; "Deomp d'ar garnel, kristenien, guelomp ar relegou / Euz ar breudeur, c'hoarezet, hon tadou, hor mammoù".
L'ossuaire de Brasparts fut construit en granit au XVIe siècle, de style gothique flamboyant, percé de six baies en anse de panier et d'un oeil-de-boeuf. Il se trouvait à l'écart de l'église, face au calvaire. On y disposa les restes des défunts et les boîtes à crânes.
La construction de ce petit monument avait pour but de donner un lieu de repos convenable aux ossements anciens que l'on extrayait des tombes ; ces ossements étaient recueillis avec soin et déposés avec respect dans le reliquaire, et chacun des priants les contemplait librement et les aspergeait d'eau bénite, d'où les deux bénitiers incrustés à l'extérieur de l'ossuaire.
De plan rectangulaire, il s'effondra en 1714 et fut reconstruit en 1715. Vieux, délabré, l'ossuaire avait eu sa toiture crevassée par les vents et les pluies ...
Cet ossuaire était donc la maison des morts et la tradition bretonne consistait à y conserver les restes des défunts inhumés à l'origine à l'intérieur de l'église puis dans le cimetière autour de l'église. Il s'agissait aussi de familiariser les vivants avec les morts mais aussi d'informer les vivants des mystères de l'Au-delà. Et la dévotion des vivants ne s'attachait pas moins à l'église qu'à l'ossuaire ...
Cet ossuaire de l'enclos paroissial présente dur les rampants de chaque pignon un squelette représentant l'Ankou, mais aussi un ange sonnant de l'olifant. Tous étant accompagnés de phylactères portant des inscriptions concernant la Mort et la Résurrection. Au nord, l'Ankou annonce "Je vous tue tous"
tandis qu'au sud l'ange de la Résurrection annonce "Réveillez-vous ", se montrant rassurant pour les familles ...
Les ossuaires étaient agrémentés d'inscriptions bretonnes, françaises et latines ...La figuration de l'Ankou était représentée sous les traits d'un squelette armé de la lance (donnée pour attribut dans les drames corniques et les mystères bretons) mais aussi armé de la faux, montée à l'envers.
L'Ankou est le messager de la mort et le conducteur des âmes. Sa rencontre est fatale. Dans une gwerz reprise par Anatole Le Braz, il s'écrie : "C'est moi, l'Ankou ! Qui planterai ma lance dans ton coeur ; Moi qui te ferai le sang aussi froid que le fer ou la pierre !" Il est en fait le passeur vers l'Autre Monde.
Dans les cimetières bretons, étaient régulièrement chantée la "Gwerz an Garnel", appelée aussi "Kantik an Eskern", chaque fois qu'une procession funèbre arrivait devant l'ossuaire, procession décrite par Anatole Le Braz ... "Devant l'ossuaire, on s'agenouille, et l'assistance entonne une sorte d'incantation pleine à la fois d'angoisse et de fougue, et qui secoue les prêtres et les chantres eux-mêmes d'un inénarrable frisson ... Un cantique écrit par l'abbé Fiacre Cochart, prêtre de Ploudaniel en 1750 ...
"Venons au charnier, chrétiens, voyons les ossements,
De nos frères, sœurs, pères et mères,
De nos voisins, de ns amis les plus chers,
Voyons l'état pitoyable où ils sont réduits ..."
Le collectage des ossements sera abandonné lors de la révolution et l'ossuaire sera transformé en école laïque par Le Prédour, conseiller municipal, anti-catholique, école qui ne comprendra pratiquement pas d'écoliers ... Le Prédour quittera ensuite la commune pour rejoindre Briec ... L'ossuaire se transformera en chapelle, appelée aujourd'hui Sainte-Anne, de même que l'ossuaire de Lannédern. Une chapelle qui redeviendra école pendant la Guerre, puis aussi Office du Tourisme avant d'être reclassée chapelle ....