A
ROC’H TREVEZEL, le panneau signalant l’un des plus beaux sommets de l’
ARREE vient d’être retiré, ce panneau en béton implanté par les services de l’équipement en 1963 était l’un des témoins de la signalisation routière française des années 1920 à 1970 : les panneaux
MICHELIN , de solides panneaux en béton armé et des inscriptions en faïence quasi indestructibles !
Ce panneau était doublement original : les locuteurs bretons étaient surpris de cette orthographie de «
ROC » : un roc bien français ! Une interprétation approximative comme bien souvent par les services de l’équipement dans les départements bretons.
Cinquante plus tard, l’erreur est réparée, un nouveau panneau métallique est installé au pied du
ROC'H TREVEZEL
Mais on ne mentionne plus son altitude !!
Car ce qui a le plus intrigué les nombreux visiteurs, munis de leurs cartes et dépliants touristiques était de lire sur l’ancien panneau une altitude très précise de
364,62 mètres quand leurs documents affichaient 384 mètres, point culminant de Bretagne
De nombreux sites Internet reprennent allègrement cette altitude erronée
Perplexité des visiteurs : quelle est la vérité ?
En 1949, l’éminent géographe breton
ANDRE GUILCHER (né à
BREST en 1913) écrivait dans les
ANNALES BRETONNESPas de doute, en 1949,
ROC’H TREVEZEL culminait déjà à
385 mètres et si les récentes mesures par
GPS ne lui accordent « plus que 384,91 mètres » un concurrent autrefois ignoré, le
ROC’H RUZ, devient le plus haut sommet de
BRETAGNE (385,01 mètres) pour une bagatelle de douze centimètres !!
Gageons que de nouvelles mesures donneront des résultats différents, les pierres n’étant pas figées comme en témoignent ces deux photos prises à un siècle d’écart
((
Et comme l’assure la légende de «
HISTOAR AR POTIG SANT COZ » enregistrée à BRASPARTS par
ANATOLE LE BRAZ vers 1893 et mise en ligne par
PATRICESuivre le lien :
https://ville-brasparts.forum-actif.net/t524-histoire-du-vieux-petit-saint-par-anatole-le-braz(Ou voir dans la rubrique : littérature, contes et légendes de
BRASPARTS)
Le faîte de la
BRETAGNE :
Vers le Nord, Une superbe vue sur tout le LEON et ses clochers,
Par beau temps, on peut voir le phare de l’île de
BATZ, le ferry dans le port de
ROSCOFF ou le clocher du
KREISKER à ST POL de LEON !
Le
ROC’H TREVEZEL et sa dentelle d’aiguilles de grès et de schiste attire le regard des automobilistes empruntant la D 785, il est aussi rapidement accessible aux visiteurs, du parking au sommet en quelques minutes
D’anciennes carrières d’ardoises
Refuges de
CLAUDA JEGOU, le bien triste héros du roman
d’YVES LEFEBVRE :
« CLAUDA JEGOU, paysan de l’Arrée »On ne quitte pas
ROC’H TREVEZEL sans aller voir ses deux proches voisins : le photogénique
ROC’H AR VECHEC (339 mètres) à quelques centaines de mètres, direction
BRASPARTS coté sud de la D785
Qui garde en mémoire les plissements de la croute terrestre
Et à l’est :
ROC’H AL LOGOTAER (autrefois :
ROC’H HORZU - 374 mètres) et ses pointes acérées dressées vers les cieux
D’ où on découvre
ROC’H RUZ et
ROC’H TREDUDON à l’est
Et à l’ouest :
ROC’H TREVEZEL (et
TUCHENN KADOR, à gauche sur la ligne d’horizon)
ROC’H TREVEZEL, c’était aussi le croisement des deux grands axes de circulation du Finistère :
La route nationale de
BREST à ANGERS et la route départementale de
QUIMPER à MORLAIX empruntaient ici le même parcours sur quelques 500 mètres, on le voit ici sur cette carte d’état major (la portion en pointillés blancs)
A cette époque (1820- 1875) on attribuait à
‘’ROC’’ TREVEZEL une altitude de
368 mètres !
Mais cette route nationale 164 était, avant 1848, l’ancienne « route royale 164 « reliant
LANDERNEAU à
ANGERS qui elle-même suivait au plus près, voire exactement, le parcours de la voie romaine Landerneau – Carhaix puis Carhaix Rennes
Comme on peut le vérifier sur la
Carte de CASSINI (1756-1815)
Cette route nationale traversait le village de LITIEZ puis le bourg de
LA FEUILLEE,
JACQUES CAMBRY le signale dans son
VOYAGE DANS LE FINISTERE en 1794
Plus tard le tracé de la nouvelle nationale 164 passera plus à l’est près du
ROC’H TREDUDON tout en conservant le passage par
LA FEUILLEE, les traces en sont encore visibles sur les panneaux routiers de 1966 à la sortie de cette commune
A gauche : l’ancienne route royale 164 et à droite : la ‘’ nouvelle’’ nationale 164 (qui en 1973, fut déclassée au profit du nouvel axe
CARHAIX- CHATEAULIN)
L’ancienne route ‘’nationale- royale- voie romaine’’ au sud de
ROC’H TREVEZEL est maintenant réduite à un simple chemin à usage des agriculteurs et randonneurs
Un tracé en ligne droite
Une largeur définie en 1720
Ici, on mesure 10 mètres entre les fossés, ca qui apparait déjà bien suffisant à l’époque des diligences dans une contrée si éloignée de la capitale
Le pont « neuf » sur le
ROUDOUHIRAutre voie qui reliait les hommes, cette fois du sud au nord du département : la voie ferrée Rosporden-Plouescat ouverte en 1912 et fermée en 1933 ; c’était le fameux : «
train patate »
Une ancienne carte postale
JONCOUR des années 1920 nous le rappelle, comme ici au nord du
ROC’H TREVEZEL, commune de
PLOUNEOUR MENEZ (et non
ROC’H TREDUDON, commune de
LA FEUILLEE, comme indiqué sur cette carte postale)
on reconnait très bien les lieux sur la D 764 direction
SIZUN Et sur cette photo satellite, on devine son emplacement qui longe la départementale, actuellement emprunté par les randonneurs, l’association LICHEN de COMMANA l’entretenant régulièrement
FRANCOIS LIBRINI a mis en ligne une excellente étude de cette voie ferrée, pour ce qui concerne la seconde partie
LOQUEFFRET- LANDIVISIAU suivre ce lien :
http://francois.librini.pagesperso-orange.fr/rospordenplouescat2.htmAu pied du
ROC’H TREVEZEL vécurent des hommes, ici exista, jusqu’aux années 1930, une maison et une petite ferme ; à cet endroit si éloigné de toute présence humaine il fallait une volonté certaine pour y demeurer ; quand on sait que sur ce sommet le vent souffle fort tout au long de l’année les hivers devaient être bien tristes et froids.
C’était la maison de «
YOUENN » ici, le maitre des lieux tenait un estaminet où l’on ne servait que du cidre aux ouvriers des nombreuses ardoisières qui jalonnent les crêtes de
COMMANA à la
ROCHE ST BARNABE et particulièrement sur les versants Nord de
ROC’H TREVEZEL et de
ROC’H TREDUDON (où on peut encore voir la dernière cabane d’ ardoisier entièrement construite en schiste à la manière des toits de
LAUZES du PERIGORD)
A 344 mètres d’altitude, la maison de
YOUENN était la plus haute de
BRETAGNE !
Seule trace de cette présence humaine, quelques maigres plants de troènes, un arbuste non indigène à cet endroit !
Le facteur n’apportait que rarement son courrier à
YOUENN, le receveur des postes de
PLOUNEOUR MENEZ chargeait le plus souvent les enfants du bourg d’aller le lui porter en traversant les 8 à 9 kilomètres de la montagne !
On voit encore les traces de cette maison sur les photos aériennes de 1950 (
GEOBRETAGNE)
Vers 1950, c’est
HERVE PRIGENT, dit : «
SOLEIL », de
LOC-EGUINER ST THEGONNEC qui entreprit la construction d’un mur et d’un cabanon en briques rouges sur le terrain jouxtant à l’EST la maison de
YOUENN,
A
PLOUNEOUR MENEZ, certains se souviennent encore de ce personnage un peu extravagant qui arrivait de son lointain village à vélo, le porte bagage chargé de briques, on suppose que ce lieu lui permettait de jouir d’un panorama propice à la méditation.
Peut être vénérait-il
BELENOS ? Le Dieu solaire dont la lumière venait à bout des brouillards et des monstres nocturnes
Car ici, il faut être bien armé pour affronter les ténèbres des
MONTS D’ ARREE qu’
ANDRE GUILCHER nous décrit en quelques vers
Nous avons erré à travers l’Arrée
Et voici venu le crépuscule.
Le vent glacé soufflant à nouveau
Crie et hurle à travers la crête de la montagne.
Au dessus de BOTMEUR et de son sombre marais
Nous sommes montés aux rochers TREVEZEL
À la tête hideuse, muraille d’épouvante
Etranges comme les monts de la Lune
Toute la magie des
MONTS D’ARREE en quelques mots !