NUIT ELECTRIQUE A BOTMEUR
Le soleil sort à peine de son lit,
Lit noir dissimulant des prédateurs en répit.
La lueur naissante du jour éclaire délicatement les versants est
Des montagnes de sa clarté céleste.
De Huelgoat à Landerneau,
De Pleyben à Landivisiau,
Les Monts d'Arrée dominent majesteusement
Les plaines aux airs charmants.
Monsieur le Renard, sans jamais de trêve
De jour, comme de nuit, aux moutons, rêve.
Il guette le gibier aux alentours
Il pourrait être sa nourriture du jour.
Lorsque de sa chasse diurne, il revient bredouille,
Dans le village tout proche, il farfouille.
Pourtant, il songe aux troupeaux de moutons.
Il salive, il en mangerait bien quelques portions.
Mais hélas, aux moutons, il n'ose s'attaquer.
Il craint la riposte du bélier.
Aussi, tenaillé par la faim,
Une idée saugrenue lui parvient.
Un troupeau de moutons à quelques foulées,
Broute paisiblement dans le pré.
Monsieur Le Loup, nouvel arrivant,
Se cache très discrètement.
Terré dans un modeste abri,
Après son braconnage favori,
Il ignore encore la présence des ovidés
Desquels quelques gigots il se serait bien accommodé.
Il se repose à l'abri des regards.
Au loin, il distingue le Renard.
Seul, le renard ne peut combattre ces ovidés.
Il a vu le loup roder,
Tout près de lui, il, s'aventure.
Il décide de lui livrer un guerre d'usure
Dont l'issue sera à son avantage.
D'ordinaire, avec le loup, il fait bon ménage.
Faute d'autres proies, le loup s'attaque au renard
Mais, le capturer est tout un art.
Le loup est repu, il n'en peut plus de manger,
Il digère les proies qu'il vient de chasser
1
Le renard passe et repasse sans cesse devant le loup ;
Il le nargue ; s'il pouvait, il lui lancerait un caillou.
Dans sa tanière, le loup davantage s'enfouit, il est las de sa longue nuit.
Et ne prête guère attention à ce qui se passe autour de lui.
Le renard n'est pas plus rapide que le loup mais, o combien plus rusé.
Il souhaite faire sortir le loup de sa tanière, l'apeurer.
Mais ce dernier craint peu de prédateurs.
De personne ou presque, il n'a peur.
Ce n'est pas ce ridicule canidé
Qui par son allure, va l'intimider.
Le berger, perché sur son rocher lui servant de mirador,
Arrive tôt le matin alors que le village dort encore.
A la tombée de la nuit, il redescend dans la plaine.
Il est inquiet ; il sait que la protection du troupeau est incertaine.
Même si deux gros patous surveillent l'enclos
Et sont prêts à déjouer tous les complots
Des attaques d'ennemis et, de les supprimer sans pitié
Ainsi, le troupeau semble en sécurité.
La journée passe, tranquillement.
Mais, la nuit arrive, inexorablement.
A la Feuillée, à Botmeur et partout ailleurs,
Le jour tout doucement se meurt.
Les sentiers de randonnées serpentent , à l'écart des tourbières
Et, furtivement s évanouissent dans la pénombre, sans lumière.
Les derniers rayons de soleil, derrière le Mont Trévézel, disparaissent
Et, à la nature environnante apportent leurs dernières lueurs et leurs dernières caresses.
Tout doucement, dans la mer d'Iroise, ils s'éclipsent.
L'astre n'est plus, il semble sombrer dans les profonds abysses.
Le berger regagne son cabane.
Et, toujours sur ses gardes, avant de s'endormir, scrute la nuit par la lucarne.
Tout semble paisible.
Aucun maraudeur n'est visible.
Tandis que le troupeau s'endort,
Le renard met au point le plan qu'il élabore.
Il s'est bien reposé.
Le loup est réveillé.
Il veut le taquiner à nouveau.
Il veut l'aider à capturer un agneau.
Alors , il nargue et nargue encore celui qui sera son acolyte
Pour l'attirer dans le piège en faveur duquel il milite.
2
Le loup s'échappe de sa tanière.
Il trouve l'attitude du renard pour le moins singulière.
Il sort doucement de sa torpeur.
Mais, du renard n'a point peur
Il lui montre les dents.
Il lui montre ses muscles puissants.
Il cri, il hurle, ses poils se hérissent.
Et, malgré son allure dominatrice,
Le renard ne cesse son dangereux manège.
Il sent que le loup est entrain de tomber dans son piège.
Il sait que lui le renard, il est le plus malin.
Il sent que bientôt, des restes d'un agneau, il fera un festin.
Alors, dans la gueule du loup, il fait croire qu'il se jette.
C'est pourquoi devant lui, il court puis s'arrête.
Il se retourne et aperçoit toujours le loup immobile.
Il le prend probablement pour un débile.
Par une ruse dont il a le secret, il passe derrière le loup et lui mord la queue.
Peu importe si son comportement est odieux
Car cette fois, il est poursuivi
Il court, il y va de sa vie.
Une course effrénée s'engage.
Pour freiner son adversaire, il effectue de nombreux virages
Et, intelligemment, le conduit vers l'enclos ou dorment les pauvres bêtes
Que personne ou rien jusqu'à présent n'embête.
Les moutons endormis se réveillent avec stupeur.
Ils se lèvent, se mettent à courir avec ardeur.
Le loup, toujours obsédé par la capture du renard,
Sur le troupeau ne porte pas encore son regard.
Les bovidés courent dans tous les sens.
Mais du danger, ils s'éloignent, ils sont en pleine effervescence.
Soudain, le loup, cesse sa poursuite.
Lorsqu'il flaire et distingue les moutons en fuite.
Il vient d'attraper le renard sur lequel il se trouve à califourchon.
Mais, un mouton est bien plus appétissant qu'un renard maigrichon.
Il libère donc son ennemi pour jeter son dévolu vers ces nouvelles proies
Qui s'enfuient, les pauvres, dans le plus grand désarroi.
Il se précipite alors dans leur direction.
Et, au renard ne prête plus attention.
Le renard avance discrètement dans le sillage du canidé.
Il bave déjà ; de son futur festin devient obsédé.
3
Le troupeau, bruyant, apeuré, éparpillé sur plusieurs hectares
Se dirige vers leurs gardiens abrités sous un hangar.
Ces derniers, les deux patous, réveillés depuis quelques temps,
Ayant observé la scène, contournent et filent discrètement les méchants.
Le loup et le renard devinant qu'il sont suivis
S'enfuient et s'évanouissent la nuit.
Le troupeau est sauvé,
Les moutons sont apaisés.
Reposé, le berger regagne les verts pâturages,
Retrouve ces nourrissants alpages.
Il ignore que la nuit aurait pu être horrible ;
Tout est paisible.
DDDDDDDDD
Ecrit en février 2013.
Premier prix de la meilleure nouvelle, décerné lors du salon des écrivains et du livre le 03 mars 2013 au Cloître -Saint-Thégonnec près de Morlaix.