Les anciens se rappellent certainement d'avoir vu ou entrevu des photos de François Joncour concernant le séjour à Brasparts d'un régiment picard , le 14ème Régiment d'Infanterie Territoriale.
Ce régiment, stationné à Abbeville, avait particulièrement souffert pendant les premiers mois de guerre et l'état-major avait bien compris la nécessité d'instruire les nouvelles recrues (réservistes) en dehors de la zone des combats. Brasparts fut le lieu de son repli et il y fut particulièrement bien accueilli, les photos en témoignent...
Voici son histoire... et les quelques photos qu'un collectionneur m'a si aimablement confiées...
Le 14e RIT est un régiment chargé de secteurs délicats et pénibles depuis le début de la guerre.
1.
Période de manœuvres (du 04 août au 27 septembre 1914)
Dès les premiers jours de mobilisation, le régiment prend position dans le nord entre St Omer et Bourbourg. La marche rapide de l’ennemi sur Paris menaçait de couper toute ligne de retraite vers la direction Amiens / Le Tréport et le 14e dut effectuer une série de marches et contre-marches pour descendre sur Rouen d’abord et remonter ensuite sur Arras.
A ce moment, le régiment ne fut pas exposé aux coups de l’ennemi, mais il dut faire à pied le trajet d’Amiens, Rouen, Gournay en Bray, Arras, marchant sans interruptions du 20 août inclus au 27 septembre 1914 inclus et débutant par une étape de deux jours et une nuit consécutifs.
2.
Combats en Artois (du 28 septembre au 11 octobre 1914)
Le 28 septembre 1914, le régiment, qui faisait partie du groupe de division Brugère, allait prendre position au Bois du Logeast devant Ablainzevelle pour fermer l’aile gauche de l’armée française et couvrir les débarquements de troupes actives qui exécutaient ce qu’on a appelé depuis : la course à la mer.
Le 14e RIT dut alors combattre sans arrêt jusqu’au 11 octobre, date à laquelle il fût relevé.
L’heure était d’autant plus critique que le régiment ne disposait que de ses fusils comme armement, et n’était pas couvert par une artillerie suffisante. Les munitions faisaient défaut pour les bouches à feu qui devaient tirer avec une extrême modération.
La ligne, après avoir tenu, dut finalement reculer, à partir du 03 octobre sous le coup d’attaques sans cesse plus puissantes. Elle finit par se fixer à Hannecamps et Bienvillers au Bois.
Dans la nuit et la matinée du 10 octobre, le 2e bataillon avait été chargé de contre attaquer pour essayer de reprendre le village de Monchy au Bois perdu la veille par une division voisine.
Dans tous ces combats, le régiment avait été décimé. Les effectifs étaient considérablement diminués. Il fallait procéder à la reconstitution du corps d’officiers.
Malgré les pertes subies, malgré la fatigue extrême le moral du régiment n’était pas abattu. Il avait fallu malheureusement reculer mais la mission dévolue avait quand même été remplie.
Retiré de la ligne de feu, le régiment se reformait et était de nouveau près à combattre. Après une descente au sud d’Amiens, il remontait vers le nord et débarquait à Adinkerque (Belgique) le 3 novembre 1914.
3.
Combats en Belgique (du 8 au 12 novembre 1914)
Le 8 novembre 1914, le régiment venait de prendre position sur la rive gauche de l’Yser à Nieuport-Bains. Le 10 novembre 1914, il traversait l’Yser à son embouchure sur 2 pontons et, gagnant du terrain vers le nord, s’établissait à hauteur et à l’ouest de Lombaertzyde. Le soir même, une première réaction de l’ennemi est repoussée. Le 11 novembre, l’ennemi qui avait reçu des renforts attaqua à nouveau après avoir violemment bombardé Lombaertzyde tenu par un régiment voisin.
Une nouvelle fois, le régiment est décimé et doit être relevé.
4.
Le 14ème RIT à BraspartsLe 14ème RIT, particulièrement éprouvé lors de ces premiers mois de guerre, est alors transféré en Bretagne où il va se réorganiser, se "refaire une santé", et surtout former ses recrues.
Brasparts et Saint Rivoal vont accueillir ces "gens du Nord" avec beaucoup d'amitié et partager avec eux ces quelques mois qui vont précéder leur retour au front.
Un mariage d'un sous-officier du régiment avec une jeune fille d'Abbeville sera même célébré en l'église de Brasparts...
Le 14 repartit ensuite au front, vers la Belgique....
5.
Le 14ème RIT après BraspartsLe 14ème RIT est engagé successivement dans la défense de Nieuport-Bais et Nieuport-Ville (Belgique) (13 novembre 1915 à fin août 1915) puis celle de la fosse Calonee (de septembre 1915 au 10 février 1916).
Le 14e est ensuite, après quelques jours de repos, chargé de travaux en première ligne dans la Somme pour préparer les attaques du printemps 1916. Il subit des pertes tant en première ligne que dans les cantonnements.
Il est ensuite alternativement engagé dans des travaux défensifs dans la Somme ou dans la défense de secteurs particuliers (1916-1917) et participe à la poursuite de l'ennemi jusqu’à l’Ailette (17 au 23 mars 1917) avant d'être repositionné en arrière du front pour des travaux divers (avril 17-janvier 18). Transformé en bataillon, il sera de nouveau engagé contre l'ennemi en avril 1918, puis en mai dans la région de Cassel où il subit un séjour pénible et de violents bombardements.
Il termina la guerre à Givet après avoir traversé la Wallonie le 20 novembre 1918. Période difficile. Le bataillon contribua à rétablir les passages que l’ennemi avait détruit notamment ceux sur la Somme.
Le 5 décembre le bataillon repartait à l’arrière où il fut démobilisé. Ainsi disparaissait le 14e RIT après 4 années et demie de guerre.
"Il est en droit de dire qu’il a pleinement fait son devoir. Toutes les missions qui lui ont confiées ont été remplies à la satisfaction du commandement, quelques critiques qu’avaient pu être les situation dans lesquelles il s’est trouvé à plusieurs reprises, jamais son moral n’a failli. Il a su montrer qu’il était vraiment une unité combattante et que l’on pouvait sans crainte compter sur lui". (Historique du 14e RIT , Côte 26N1739 au SHAT)
Un grand merci à Didier "Chtimiste" qui m'a transmis l'historique du Shat...
et à Henri, pour le prêt de sa collection privée.
Le Journal de Marche et des Opérations du 14 est également en ligne sur le site du SGA. Mais, bien évidemment, ce temps de reformation et d'instruction du régiment n'apparait pas.
Notons également qu'un "chti" est inscrit sur le Monument aux Morts de Saint Rivoal...