En guise d'introduction ...« Un fait indéniable, c'est qu'il existe une étroite ressemblance, dans chaque paroisse de notre pays, entre les coiffes et les monuments. Entre eux, l'harmonie est parfaite et l'identité des caractères s'impose, au premier examen.
Ainsi, dans le Finistère, les coiffes sont, habituellement, à jour, ainsi que les clochers.
Regardez plutôt la coiffe de Châteaulin, dont les ailes retombent, le long des tempes, un peu au-dessous des oreilles, se redressent, ensuite, en s'évasant largement, et remontent brusquement, enfin, sur le sommet de la tête, où elles viennent s'attacher.
Ne dirait-on pas que cette jolie coiffe promène, avec elle, deux morceaux de ciel, encerclés dans un cadre de mousseline, et ne dirait-on pas, aussi, en levant les yeux vers le svelte clocher qui surplombe les derniers vestiges du manoir d'Alain le Grand et laisse jaillir de son corset de pierre deux longs jets de lumière, que c'est la même dentelière qui a façonné, de ses doigts délicats, et la coiffe et le clocher ...
... Toutes les coiffes de Cornouaille se ressemblent. Toutes, entre elles, ont un air de famille, et cet air de famille existe, également, avec les clochers à jour qui symbolisent tout ce côté de la Basse Bretagne.
Au surplus, les coiffes ne sont pas seulement des coiffes à jour, là où il existe des clochers à jour ; les coiffes, d'une façon plus précise, ont le style de leur pays ... » (Eugène Herpin, in « L'Hermine », Rennes, 1901)
A l'origine, les coiffes étaient vraisemblablement les mêmes dans tout le pays Rouzig. Ces coiffes aujourd'hui partagées en trois modes ont évolué en une cinquantaine d'années (1860-1910) pour atteindre leurs caractères spécifiques.
Voici la plus ancienne coiffe connue de Brasparts (dessin de 1830) :
Le costume des femmes de Brasparts
vu par le baron de la Pylaie
vers 1845
"Les femmes ont des coiffes d'une blancheur éclatante, dont les larges pattes sont relevées de chaque côté en anse de panier; mais elles les détachent et les laissent retomber ou pendantes lorsqu'elles vont entrer dans l'église.
Ces pattes, ainsi déployées, descendent à peu près jusqu'au coude.
Leur habillement est toujours, comme chez les hommes, d'une couleur très foncée, noire ou
bleue.
Elles ont un justaucorps par-dessus lequel elles ont pour ceinture un ruban de laine
verte, ou plus souvent de couleur écarlate, dont les deux bouts, en dehors du noeud, pendent par devant.
Au lieu de fichu, leurs épaules sont recouvertes comme les jours ordinaires, par la collerette, qui est cette espèce de palatine faite en mousseline ou percale; mais elle est plus fine en même temps que plus ample et posée avec plus de recherche.
Leur robe, ample par le bas, serre la taille au moyen de petits plis rapprochés et qui sont tous contigus.
Un tablier
violet ou
bleu, ordinairement à carreaux, ne se met que les jours de grande toilette.
Leurs bas sont de laine teinte en
bleu, ou blanche, assez souvent noirs: ils sont tenus par des jarretières en laine également, mais dont la couleur, toujours arbitraire, n'offre alors aucun caractère local.
Elles ont des souliers fort découverts, qui sont attachés par deux grandes boucles de cuivre.
Elles portent par-dessus leur coiffe, surtout quand le temps est brumeux ou pluvieux, une capote blanche, ou plus souvent un peu jaunâtre, qui est carrée en dessus par derrière, et à laquelle sont attachées des pattes qui descendent sur les épaules. Elle se trouve fendue de chaque côté sur celles-ci, afin que le derrière puisse tomber à plat sur le dos, et que les deux pattes latérales reviennent en avant pour couvrir les côtés de la poitrine. Cette capote est toujours bordée d'un liseré en couleur; elle est faite en flanelle mince ou ségovie, et s'appelle la coiffe de dessus, var horré, en breton armoricain. Ce costume, dans son ensemble, ne manque pas d'une certaine grâce..."
(...)