L'une des particularités de la religion des celtes est d'avoir fait des sources, des rivières et des arbres sacrés des objets de culte, sous le patronage de dieux ou de déesses. Les druides dirigeaient les sacrifices qui se tenaient généralement dans ces lieux sacrés -
Nemeton,
Nevet en breton (que l'on pourrait traduire par « bois sacré »).
Lucain parle des druides qui « habitent dans des bois profonds et se retirent dans des forêts inhabitées, pratiquant des rites barbares, adorant les dieux dans les bois sans faire usage des temples ». César fit ainsi détruire l'un de ces bois sacrés dans la région de Marseille.
Pour
Christian Guyonvarc'h, Myles Dillon et Nora Chadwick (in « Les Royaumes Celtiques »), la présence de l'élément
nemet dans la toponymie est caractéristique d'un lieu autrefois sacré. Ainsi l'on peut trouver dans la cartulaire de Quimperlé, qui date du Xième siècle, un nom qui désigne ainsi une forêt du Finistère: « quam vocant nemet ».
Le site le plus connu aujourd'hui est la forêt de Nevet en Locronan.
Gwench'lan Le Scouëzec explique que tout le pays qui s'étend de Quimper au Ménez Hom formait un vaste lieu saint, au nom expressif de « forêt sacrée ». Ce qui reste de cette forêt fut christianisée au Vème siècle.
On retrouve ce terme également dans d'autres lieux du Finistère: Kernevet en Kerlaz, Pennevet et Roz ar Nevet en Plogonnec...
Brasparts possède peut-être l'un de ces sites sacrés avec « Coat Neveïc » (nommé ainsi sur le cadastre de 1813) que Joncour nommait « Coat hervéic ». La présence du siège de Saint Guénolé, la proximité de la fontaine de Saint Jaoua, la forêt avoisinante, la rivière qui coure dans le vallon, tout concourt effectivement à la possibilité d'un ancien « nemeton ».
Seules des fouilles pourraient éventuellement confirmer cette hypothèse, mais cela est une autre histoire...
Le siège de saint Guénolé fait partie du légendaire braspartiate. Saint Guénolé était, rappelons-le ici, le frère de Saint Jacut et de Saint Caduan dont ce forum a retracé la vie et l'histoire. Fondateur de l'abbaye de Landévennec, il eut comme successeurs Saint Gwenaël puis Saint Judulus, lequel confia à Saint Jaoua le rectorat de Brasparts pour y convertir des « paroissiens mal instruits et difficiles à gouverner »..
Saint Gwenolé rendit un jour visite à son frère Saint Caduan en son ermitage de la montagne d'Arrée, traversa cette région des tuchennoù et devant tant de beauté voulut remercier Dieu en lui élevant une chapelle. Il s'arrêta donc dans ce site de Coat Névéïc, s'installa au mieux dans un siège de terre et de pierre qui pourrait être celui que vous découvrez sur ces photos.
Il chercha ensuite un site qui pourrait le mieux satisfaire sa volonté et son regard s'arrêta sur ce lieu où l'on bâtira plus tard une chapelle, plusieurs fois reconstruite depuis, qui n'est autre que la chapelle de Saint Guenolé en Lopérec...
A noter que le saint Guénolé de l'époque de François Joncour a été également remplacé par une statue beaucoup plus récente...