Dimanche 4 octobre à 15h sera célébré le Pardon de Saint Edern en l'église où le saint fut enseveli, après avoir vécu en ermite à quelques centaines de mètres de là, près de l'ancienne chapelle de Coat ar Roc'h, aujourd'hui résidence privée, mais que l'on peut toujours admirer en passant à proximité...
Ce Pardon est aussi l'occasion de découvrir ou re-découvrir une église voisine et ses trésors, que finalement peu connaissent. L'occasion aussi de connaître un peu mieux ce saint local, religieux irlandais du Vième siècle, neveu de saint Colomban, qu'il suivit en Grande Bretagne d'abord, en Bretagne ensuite...Sa réputation fut grande dans la région, et même Brasparts lui consacra une fontaine, aujourd'hui disparue...
Le tombeau du saint, en pierre, et daté du XIVème siècle, se trouvait autrefois au milieu de la nef, mais il a été déplacé pour permettre un accès plus facile aux fidèles... Ce tombeau est constitué d'une dalle funéraire sur laquelle est couchée la statue du saint, vêtu de sa robe d'ermite et de l'aumusse, les mains jointes en prière, et les pieds reposant sur le cerf, son fidèle compagnon.
Lorsque l'on pénètre dans l'église, le vitrail resplendit et l'on peut admirer cette maîtresse vitre qui est en fait le résultat de l'agglomérat de plusieurs verrières, en grande partie disparues. Parmi les oeuvres ainsi regroupée, on peut noter saint Edern chevauchant son cerf., oeuvre datée du 3ème quart du XVIème siècle.
Parmi les statues vénérées, nous retrouvons bien évidemment saint Edern, vêtu en ermite, robe et manteau à camail et capuchon, chevauchant son cerf. Le chanoine Abgrall, dans sa notice sur la commune de Lannédern, nous rapporte la vie légendaire du saint, à partir d'une ancienne « vie » retouvée dans les archives de Plouédern. Ce récit est bien illustré par le beau retable en bois plychrome du XVIè que l'on trouve dans l'église:
« Edern débarqua dans la baie de Douarnenez, ..., et ne tarda pas à s'avancer plus loin dans les terres, à une petite distance de Briec, à l'endroit où se trouve maintenant le bourg d'Edern....
Le bon saint, dans l'ermitage qu'il s'était bâti, vaquait à la prière et à la pénitence sans s'occuper d'autre chose; mais les gens du village lui cherchèrent noise.
L'ermite avait une pauvre vache qui s'égarait quelquefois dans les champs d'autrui, et tous de crier qu'elle était voleuse et de faire retomber leur colère sur le Saint. Même le seigneur de Quistinit, château voisin, donna l'ordre de lâcher ses chiens sur la bête, si bien que celle-ci, sous leurs morsures terribles, resta comme morte sur place. L'ermite survient, appelle sa vache, et celle-ci, obéissant à son ordre, se lève pleine de vie et sort du champ de ce seigneur inhumain. S'il avait été moins cruel et plus clairvoyant, il aurait pu remarquer que, partout où l'animal avait passé, le blé poussait en plus grande abondance, pour réparer en admirable mesure ses innocents larcins.. »
Deux panneaux du retable de saint Edern rappellent cet épisode: un valet chasse la vache à coups de bêtons, pendant que le seigneur de Quistinic, à cheval, fait des reproches au Saint; sur le second, des chiens, lâchés sur la bête, mettent celle-ci à mort, et les gens du Seigneur accourent avec des armes, tandis que le Saint est à genoux, en prière, tout désolé.
Saint Edern partit alors s'installer dans le bois de Coat ar Roc'h.
« Là, tout près d'une fontaine, il établit son ermitage et construisit un oratoire à la Sainte Vierge, à l'endroit même où se voit la chapelle de Notre Dame du Bois de la Roche. »
Il arriva qu'un jour un cerf, poursuivi par un gentihomme à la chasse, et sur le point d'être forcé par les chiens, se réfugia dans la hutte du Saint, semblant lui demander un asile pour échapper à la mort. L'ermite lui accorda l'hospitalité, et désormais l'animal ne le quitta plus, allant brouter et pâturer aux environs dans la journée, et revenant le soir prendre son gîte. »
Une autre fois rapporte la légende, un seigneur de Cornouaille, égaré par les chemins, envoie un page demander son chemin à l'ermite; saint Edern, occupé par la prière, ne lui ayant pas immédiatement répondu, le page le gifle; le Saint lui répond en lui tendant l'autre joue. Le seigneur et sa troupe furent frappés de cécité, et ne recouvrirent la vue qu'en arrivant en un lieu où le seigneur fit construire une église, celle de Plouédern...
A noter que l'église de Lannédern possède un beau reliquaire en argent contenant des reliques de Saint Edern. Aux quatres angles de ce reliquaire, quatre niches gothiques contiennent les statuettes de saint Pierre, saint Paul, saint André et saint Jean.
Saint Edern, monté sur son cerf, est toujours présent pour le visiteur qu'il accueille depuis le calvaire...
Sources:
Notice sur la paroisse de Lannédern de l'abbé Abgrall (archives diocésaines de Quimper et Léon)
Les vitraux de Bretagne, de Françoise Gatouillat et Michel Hérold (Presses Universitaires de Rennes, 2005)
Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper et Léon, de Rrené Couffon et A. Le Bars (Les Presses Bretonnes, Saint Brieuc, 1959)
et un grand merci à
Yann pour sa visite guidée de sa belle église...