Aujourd'hui fut accomplie une double commémoration à Brasparts puis au Nivot en Lopérec. Nombreux furent les anciens combattants pour cette cérémonie.
Voici les textes qui ont été prononcés et quelques photos prises à Lopérec ...
“La perte de la mémoire du passé est sans doute la pire infortune qui puisse frapper un peuple ainsi qu'un individu”, disait Ferdinand Lot.
Aujourd'hui, 16 août 2015, nous sommes encore une fois rassemblés pour nous souvenir, pour garder vivant en nos cœurs le sacrifice de nos aînés.
Il y a soixante et onze ans, Brasparts venait de fêter son premier Pardon de commune libérée.
Depuis le 3 août, la Bretagne était en insurrection; le 4, le général Koenig avait décidé de mettre en place l’État-major qui devait prendre le commandement de l'ensemble des F.F.I. en Bretagne, ce qui fut fait le soir même. Les maquis représentaient alors 30 000 hommes armés, pour certains encadrés depuis le 6 juin par des SAS de la France Libre.
La percée américaine, favorisée par l'action des maquis, contraignit les allemands à effectuer un large mouvement de repli vers Lorient, Brest, Crozon...
Le 6 août, les alliés rentraient dans Lesneven, le 7 août à Guipavas...
Les parachutistes allemands cherchèrent à repousser l'échéance par des combats retardateurs dans les montagnes noires et les monts d'Arrée. Mais ils furent morcelés, coupés, affolés par des “terroristes” qui pratiquèrent une guérilla qu'ils ne connaissaient pas. Les vainqueurs de la Crète et de la Crimée devinrent une horde qui marqua son passage par sa férocité, ses pillages, ses viols et ses tortures: les morts du Huelgoat, celles de René Caro, de François Cleuziou ou de Jean Cavaloc en furent de sinistres exemples... Les villages autour du Nivot échappèrent par miracle à la destruction et au massacre...
Brest fut encerclée... les combats se concentrèrent sur la ville et la presqu'île de Crozon... Les prisonniers allemands – pour l'essentiel soldats de cette division para - furent regroupés à Brasparts, commune qui semblaient hors d'atteinte de l'ennemi. Leur moral, selon les témoignages, était bas; ils étaient bien traités, même si la plupart avaient du quitter leurs bottes pour des boutou-koat...
La surprise fut totale le 16 août, au petit matin, lorsque la compagnie du lieutenant Lepkowski, composée de 2 half-tracks américains saisis lors d'une embuscade près du Huelgoat début août, de 2 blindés légers, et de camions fit irruption dans Brasparts. L'attaque se porta successivement sur l'école Saint Michel, le bourg et l'école publique... Ce fut la fin héroïque des ultimes défenseurs – Gabriel Le Floc'h, Yves Herrou, René-Pierre Franquart, mais aussi la mort malheureuse de Suzanne Le Lay...
Les allemands ayant atteint leur objectif repartirent avec une quinzaine de prisonniers qui furent vraisemblablement sauvés par l'ordre du général RAMCKE de cesser les exécutions d'otages. Lequel fut interpellé par une brillante infirmière de Brest ... Mais la route du retour fut elle aussi sanglante, entraînant la perte de 6 patriotes au Tréhou, de 16 autres à Irvillac...
Dans ces ultimes combats commencés avec le débarquement allié en Normandie, le maquis de Brasparts perdit 16 des siens à Bodriec, au Nivot, à Brasparts, à Sizun... Outre ceux déjà cités, nous ferons mémoire de François Cochonnec, de Paul Quéinnec, de Henri Le Gall, Pierre Baron et Georges Salaün, Jean Bernard, Michel Cloarec, François Keruzoré et Camille Omnès.
“L'honneur, disait Saint Exupéry, est rayonnement du sacrifice”: que cette journée du souvenir soit l'occasion de rendre un hommage solennel à ceux qui ont fait le sacrifice suprême pour conquérir la paix.
16 août 2015 ROZ AR HI - Le NIVOT Cérémonie commémorative
Ici , sont tombés sous les balles Allemandes : Jean Bernard – Pierre Baron –Camille Omnès - Martial Cloarec -Georges Salaun –François Keruzoré .
C’était il y a plus de 70 ans . Depuis leur mort , ce monument a été construit. Il a été construit pour que leur famille, leurs proches, leurs compagnons de lutte, ceux qui étaient avec eux dans les bois en mois d’août 44 s’en souviennent. Mais pas seulement leurs proches. Ce monument est aussi un message pour nous dire, à nous autres, 70 ans plus tard, pourquoi ils sont morts si jeunes, ici ! Par qui ils ont été tués ! Pourquoi étaient-ils ici ! Ce monument est une page d’histoire et il est important que nous soyons présents chaque année pour perpétuer le souvenir, le souvenir de leur action.
Lorsque la colonne allemande de 400 hommes est arrivée venant du plateau de Californie où se trouve aujourd’hui Marine Cranou, au petit matin du mois d’août, elle avait été guidée par un traître, comme il en existe beaucoup dans toutes les guerres. Les deux groupes de maquisards de Pont de Buis et de Brasparts qui s’abritaient dans les bois ont été surpris. Les mitraillettes ont crépité, laissant des victimes des deux côtés. Les lieux paraissaient pourtant protecteurs, mais pour les Allemands en cette période, l’ennemi déclaré dans toutes les villes et les campagnes de France était aussi l’armée de l’ombre, le maquis.
Des maquisards comme eux, ils y en a aujourd’hui dans les Pays du monde, qui veulent conquérir leur liberté . Ils risquent tous les jours leur vie. Depuis la guerre et ses millions de morts, nous connaissons la paix sur notre sol français et Européen . Nous nous sommes habitués et trouvons normal, ce qui n’était jamais arrivé durant une aussi longue période. Mais le monde d’aujourd’hui ne fonctionne plus comme celui d’il y a 70 ans. Les actions guerrières ne sont plus les mêmes et une République a besoin d’être forte pour ne pas être déstabilisée.
Il est important que les jeunes générations aient conscience que notre liberté d’aujourd’hui a un prix et que ce qu’il s’est passé ici, n’est pas de l’histoire ancienne. Et que Jean Bernard – Pierre Baron –Camille Omnès - Martial Cloarec -Georges Salaun –François Keruzoré –Jean Cavaloc, avaient un état d’esprit qui les guidait et qui s’appelait solidarité et citoyenneté.
Vive la Liberté, l’Egalité, La fraternité.
Vive la République , vive la France
(Texte de M. Jean Yves Crenn)
Puis le chant des partisans fut lancé par Mme Camille Omnès
Remise de gerbe avec Micheline Forlhan et Marie-Jeanne Bouard. Micheline avait 16 ans en août 44 et était chargée de renseigner les maquisards. Elle venait d’arriver en vélo sur les lieux. Marie –Jeanne venait également d’arriver à pied de Pont de Buis .