Ce lundi 11 novembre a été célébrée la cérémonie du souvenir de l'Armistice de 1918, avec un hommage particulier rendu aux 50 braspartiates et saints-rivoaliens tombés en cette année 1918 au Champ d'Honneur.
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"Cette journée du 11 novembre est depuis l'an dernier destinée à rendre hommage à tous les « Morts pour la France », associant ainsi tous nos jeunes rentrés des opérations extérieures à leurs anciens de la seconde guerre mondiale, de Corée, d'Indochine et d'Algérie.
Il me paraît cependant important de poursuivre l'effort de mémoire pour nos anciens qui tombèrent au Champ d'Honneur lors de la Grande Guerre. Depuis 5 ans, nous faisons souvenir des Poilus de Brasparts et Saint -Rivoal ; nous voici parvenus à l'année 1918, une année où l'héroïsme de nos anciens sauva la France et amena l'ennemi à négocier un cessez-le-feu. En cette année 1918, tombèrent au combat ou succombèrent à leurs blessures ou à leurs maladies :
Mathieu Le Roux, 39 ans, Pierre Goué, 22 ans, et Julien Bauguen, 37 ans, en janvier ;
Guillaume Le Roux, 27 ans, en février ;
Jean Louis Goasguen, 36 ans, et Pierre Marie Favennec, 27 ans, en mars ;
Olivier Béon, 31 ans, Jean Michel Famer, 30 ans, Pierre-Jean Corbé, 35 ans, Julien Berthelot, 24 ans, et Charles Grall, 49 ans, en mai ;
Henri de Bourbon, 21 ans, Yves Guillou, 26 ans, Jean Bras, 21 ans, Jean Michel Le Bihan, 29 ans, Guillaume Morvan, 23 ans, et Jean François Jourdren, 23 ans, en juin ;
Guillaume Bothorel, 22 ans, Yves Lharidon, 34 ans, Jean Michel Le Dréau, 39 ans, Jean Louis Broustal, 23 ans, Yves Le Baut, 22 ans, et Jean Louis Floch, 36 ans, en juillet ;
Hervé Pichon, 36 ans, Louis Henri Édouard Le Guillou, 23 ans, Louis Morvan, 33 ans, François Martin, 19 ans, François Orlac'h, 40 ans, Jean François Kerdévez, 20 ans, et Jean Louis Le Gall, 20 ans, en août ;
Jean Louis Pichon, 38 ans, Yves Quéré, 26 ans, Yves Le Corre, 23 ans, Jean François Baron, 40 ans, en septembre ;
Jean Mazé, 33 ans, Louis Kerguelen, 38 ans, Yves Le Meur, 24 ans, Louis Emile Crouan, 36 ans, François Yvinec, 19 ans, Jean François Pennéguès, 36 ans, Yves Marie Bourlès, 21 ans, et Grégoire Yvenat, 34 ans, en octobre ;
Jean Louis Kerbrat, 30 ans, Jean Louis Mazé, 40 ans, et Mathieu Yves Marie Bernard, 31 ans, en novembre ;
Jacques Riou, 25 ans, Charles Le Belch, 23 ans, Jean François Broustal, 22 ans, François Louis Péron, 30 ans, et Joachim Yvenat, 34 ans, en décembre.
En souvenir de nos soldats tombés lors de la Grande Guerre, je vous invite à écouter ce poème de Sylvain Royé, tombé en 1916 ..."
Les blés sont déjà hauts, dans les sillons de France,
L'été les a dorés, l'été les a mûris.
La moisson sera-t-elle aussi belle qu'on pense ?
Est-ce assez de grandeur, d'héroïsme et de cris ? (...)
Les blés jaunes sont hauts entre les forêts vertes.
La France attend debout le prix de ses douleurs.
Aux moissons de demain les granges sont ouvertes.
Le Jour va-t-il sonner des guérisons, Seigneur ?
Seigneur, le fruit est lourd qui fait ployer la branche.
L'odeur du verger clos promet des jours heureux.
Sous l'opulent fardeau l'arbre geint et se penche,
Et la récolte est proche, et le désir nombreux.
Tant de sang abreuva le champ de la Patrie.
Tant de sang accordé pour un immense éveil,
Que chaque fruit de l'arbre en sa pulpe mûrie
Mêle un goût d'héroïsme à son goût de soleil (...)
Le fruit est lourd, Seigneur, l'après-midi sommeille.
Nous n'avons épargné ni l'effort ni l'espoir.
Souffrez que le fruit tombe au creux de nos corbeilles
Et que nous rentrions, joyeux, avant le soir.
Le soir tombe, Seigneur. Sous sa feinte douceur
Que cache-t-il, tendant la trame de son ombre ?
Quel invisible doigt parmi nos rangs dénombre
Ceux dont le dernier jour sera ce jour qui meurt ?
Quels d'entre nous verront le prochain crépuscule ?
Quels verront la Victoire et l'ultime combat ?
Notre désir grandit, s'exalte, se débat,
Et, douloureux se tend vers le but qui recule.
...Pitié mon Dieu, pitié pour tous ceux qui fléchissent,
Pour tous ceux qui n'ont plus la foi qu'il faut avoir.
Plus pur est dans le cœur l'état du sacrifice
Quand il ne s'est nourri qu'aux flambeaux du devoir.
D'autres heures naîtront, plus belles et meilleures.
La Victoire luira sur le dernier combat.
Seigneur, faites que ceux qui connaîtront ces heures
Se souviennent de ceux qui ne reviendront pas.
Sylvain ROYÉ (1891-1916)
"1918 fut une année terrible. L'Allemagne avait remporté des victoires retentissantes : elle venait de contraindre la Russie à la paix, et avait repoussé deux offensives franco-anglaises en leur causant des pertes épouvantables au Chemin des Dames et à Paschendaele.
Ludendorff, après avoir amené de Russie 40 divisions et s'être assuré la supériorité numérique sur le front occidental, décide alors de jouer son va-tout : la situation morale en Allemagne est désastreuse, les populations sont affamées. Il lui faut en outre intervenir avant l'arrivée des troupes américaines en cours de recrutement.
L'offensive est déclenchée le 21 mars contre les Anglais, lesquels sont bousculés et songent même à se rembarquer à Calais. Mais le général Foch a pris le commandement unique des armées alliées, fait engager par le général Pétain nos unités pour faire face à l'ennemi. La défense est héroïque – les Franco-Britanniques se battent à un contre trois et à un canon contre quatre -, les pertes sont très sévères, mais les allemands sont freinés, leurs tentatives échouent grâce à l'intervention de nos réserves.
Le 13 juillet, la suprême offensive allemande échoue sur la Marne, le 18, la bataille dans la région de Compiègne est renversée et nos armées bousculent l'ennemi et le poursuivent à partir de Compiègne, et à partir du 8 août, jour noir de l'armée allemande, les armées alliées, renforcées par les troupes américaines, contre-attaquent et vont réaliser une poussée ininterrompue jusqu'en novembre, atteignant une nouvelle ligne entre Gand, Maubeuge et Verdun.
La ligne Hindenburg est enfoncée, et Foch lance 12 armées vers le Rhin. Depuis le 28 septembre, les chefs allemands ont avoué leur défaite et demandé au chancelier l'arrêt des hostilité, demande adressée au président des Etats-Unis. La convention d'armistice est signée le 11 novembre et les hostilités cessent sur tout le front occidental à 11 heures.
Le traité de Versailles, signé en juin 1919, ne garantira pas la paix, le Sénat américain refusant de ratifier l'engagement du président Wilson. Ce fut une « drôle de paix » qui nous conduisit, en vingt ans, à la « drôle de guerre ».
Aujourd'hui, notre monde est encore et toujours touché par la guerre. Le terrorisme, les révolutions, les ventes d'armes, les encouragements aux révoltes, notre univers est bouleversé.
Le pape François est parvenu à interdire un conflit qui menaçait en Syrie et son intervention mérité d'être connue. « Nous voulons un monde de paix, nous voulons être des hommes et des femmes de paix, nous voulons que dans notre société déchirée par les divisions et les conflits, explose la paix ; plus jamais la guerre ! »
Malheureusement, cette volonté n'est pas permanente, et nos armées se doivent encore d'intervenir, comme au Mali, pour sauvegarder les populations contre les actions terroristes … "
"allocution du président des ACPG-TOE de Brasparts)
"Le 11 novembre 1918, à 11 heures, les clairons sonnaient le cessez-le-feu tout au long de la ligne de front, mettant fin à une guerre que les Français dénoomèrent aussitôt la "Grande Guerre".
Malgré les années écoulées et les nombreux traumatismes qui ont marqué, depuis, l'ensemble du XXe siècle, La Grande Guerre occupe toujours une place bien particulière dans notre mémoire collective.
Car ces quatre années auront amené des bouleversements comme rarement dans notre histoire. Un tournant marqué par la mort de millions d'hommes sur les champs de bataille. Un tournant aussi dans une multitude de domaines : les relations internationales, l'économie, la vie politique et sociale, les arts même.
Tous les combattants de ce conflit, dont l'année prochaine marquera le début du centenaire, sont désormais disparus. La Grande Guerre est passée de la mémoire à l'Histoire.
Ce centenaire sera l'occasion d'un hommage international à tous ces combattants tombés pour leur pays. Il permettra également de rassembler les belligérants d'hier, amis aujourd’hui et réunis pour porter un message de paix. La transmission à la jeunesse sera ainsi placée au centre des commémorations.
Dès la fin de la Grande Guerre, la date du 11 novembre s'imposa comme le symbole d'une France qui surmonte l'épreuve.
Le 11 novembre 1923, André Maginot pour la première fois raviva la flamme sous l'arc de triomphe, instituant une tradition qui perdure encore aujourd'hui et dont nous célébrons cette année le 90ème anniversaire.
Dans les heures sombres de notre histoire, cette date devint aussi un moment de ralliement. Le 11 novembre 1940, des lycéens et étudiants parisiens se réunirent place de l'Etoile, bravant les forces d'ocupation.
Trois ans plus tard, le défilé d'Oyonnax, dans l'Ain, constitua un nouveau geste de défi face à l'oppresseur. Des résistants, en rangs serrés, déposèrent devant le monument aux morts de la ville une gerbe portant ces mots : "Les vainqueurs de demain à ceux de 14-18". A ces hommes, et à travers eux à tous les Résistants de France, le Président de la République rend hommage, à Oyonnax, ce 11 novembre.
Aux hommes et aux femmes morts pour la France, à tous leurs compagnons d'armes, à celles et ceux qui continuent de porter leur mémoire, la France exprime sa reconnaissance et sa solidarité".
"Message de Kader Arif, ministre délégué auprès du Ministre de la Défense, chargés des Anciens Combattants)
(Photos de Yvonne Quimerc'h)
Notons que dans le cadre de cette commémoration, le travail de mémoire des enfants de l'école Sainte Thérèse est exposé à la bibliothèque Le Guyader jusqu'à la fin du mois.