Pourquoi ce nom de Roc'h ar Chouanted ?
Sous la Révolution, les montagnes d'Arrée servaient de refuge à tous les opposants au nouveau régime.
Dès 1790, les « représentants de la Nation » s'opposeront ainsi avec virulence au choix de Quimper comme centre de décision pour le Finistère :
« Personne n'ignore que les habitants des extrèmités du Léon et de la partie de l'évéché de Tréguier réunis au département, ne peuvent se rendre à Quimper qu'en faisant un circuit très considérable pour éviter les montagnes d'Arrez, impraticables dans le temps indiqué pour la session des assemblées de département, et qui, dans toutes les saisons, offrent les dangers les plus effrayants. La liste des personnes qui périssent tous les ans dans les neiges en traversant ces montagnes, ou qui, échappées aux voleurs, deviennent la proie des bêtes féroces, présente une image affligeante. Faudra-t-il que trois cent mille habitants du Léon aillent en chercher deux cent mille, perdus en quelque sorte au milieu des montagnes et des bois infestés de brigands? Faudra-t-il que le grand nombre, rassemblé dans un évêché moins étendu, mais fertile, soit attiré au loin par le petit nombre? On a peine à croire que nos collègues de Quimper aient osé hasarder cette prétention. »
En 1793, cette situation était inchangée: les troupes républicaines évitaient soigneusement la “montagne” réputée incontrôlable, car “sillonnée de chouans, de déserteurs et de bandits”. Deux territoires passaient pour tenus par les opposants au nouveau régime : Brasparts et la forêt du Nivot.
Plusieurs prêtres s'étaient effectivement réfugiés à Brasparts, venant de Pleyben, du Cloître, et d'autres communes voisines.
En juillet 1793, une dénonciation avait attiré l'attention du directoire , signalant un « attroupement d'hommes fanatisés dans le bois du Nivot, et que des prêtres réfractaires y soufflent parmi eux le feu de la guerre civile ; qu'ils se réjouissent des succès de la Vendée ; qu'ils annoncent hautement de l'intention de s'emparer de la manufaccture des poudres ... »
Consignes avaient donc été données aux soldats chargés de la protection de la poudrerie du Pont-de-Buis de surveiller la route qui vient de Brasparts et de Lopérec ... Ainsi le capitaine Nouvel, commandant le détachement de défense de la poudrerie, écrivait au Directoire : « trente hommes gardent la porte de Lopérec et de Brasparts... ».
De même, l'on parlait d'un « souterrain, nommé Toul-an-Diaoul, dans le bois du Nivot, dont on ne connaît pas l'étendue », lequel souterrain pouvait selon certains dires rejoindre le Menez Mikêl ...
Ce nom de Roc'h ar Chouanted repose donc sur des faits réels datant de cette époque ; mais aussi peut-être sur d'autres plus récents : lorsque surviendra l'aventure de la duchesse de Berry, le régime de Louis Philippe décidera de la mise en place d'une brigade de gendarmerie à pied à Brasparts de façon à “faciliter les moyens de surveillance sur les points éloignés et les plus isolés” de cette zone qui “pourrait servir de refuge momentanément aux brigands, dans le cas de poursuites actives contre la Chouannerie”.
Notons au passage que les Chouans n'étaient pas les seuls dangers pour les voyageurs ou les troupes qui franchissaient l'Arrée : les brigands ne manquaient pas, et d'autres rochers leur servirent vraisemblablement de cachette, comme la “Caverne des Brigands” ...
Et puis, il faut bien reconnaître qu'au coeur de ces rochers, il est possible de trouver des lieux propices pour se cacher ...