1.Les Pays traditionnels de Bretagne.
2.Le Pays Rouzig.
3.Le pays de Brasparts – Saint-Rivoal.
Les limites restent bien évidemment approximatives car les influences sont multiples.
Ce terroir peut s'expliquer :
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au plan humain: les liens avec Lopérec, Saint Cadou (en Sizun), voire Hanvec étaient nombreux (influences léonardes) mais aussi avec Pleyben, Loqueffret ou Lannédern (influence Cornouaillaise);
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au plan administratif : Saint-Rivoal est resté trève de Brasparts jusqu'en 1925 et la région de Botcador (aujourd'hui en Botmeur) a fait partie de la commune jusqu'en 1854;
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au plan économique: Brasparts était le point de rencontre des léonards et des cornouaillais lors des foires mensuelles. L'influence léonarde s'est même accentuée après guerre avec l'arrivée de nombreux jeunes Léonards (droit d'aînesse et partage égalitaire) à Saint-Rivoal notamment.
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au plan historique: le pays de Brasparts a longtemps dépendu de la vicomté du Faou dont il faisait partie du système défensif.
4.Une richesse exceptionnelle en matière de danses.
Outre la gavotte pied droit, dont la dérobée faisait partie autrefois, nous trouvons:
- la
Dañs Leon (dañs a-benn) était un apport direct du pays de Sizun, avec un mouvement de bras légèrement différent de celui que l'on pratique aujourd'hui ;
- l'
Aéroplane dont l'origine est incertaine. Jean Le Crann évoquait deux hypothèses:
* une danse importée de Haute Bretagne (les bretons des terres pauvres de l'Arrée circulaient beaucoup pour améliorer leurs revenus, fréquentant de nombreuses foires, lieux d'échange où se vendaient de nombreuses chansons sur feuilles volantes ;
* perpétuation d'une danse ancienne dans une région où la pratique de la danse n'a jamais été effacée par l'introduction des danses dites “modernes”.
5.Les Monfarines (ou Dérobées) du Finistère :
(carte établie par Ghislaine Le Fur)
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Sa zone d'extension selon J-M Guilcher.
La zone d'extension de cette danse mineure est restreinte et ne paraît pas se raccorder à celle des dérobées des Côtes d'Armor. Ses limites sont environs celles-ci: à l'ouest la route de Châteaulin au Faou, à l'est la route de Châteaulin à Huelgoat, au nord une ligne l'Hôpital-Camfrout, Saint-Rivoal, Brennilis et Poullaouen.
Dans la partie sud de Plougastel Daoulas, selon des danseurs du Cercle, elle aurait été également dansée mais cela n'a pas été noté par J-M Guilcher.
Dans la zone citée en 1er , elle apparaît très peu sous le terme Dérobée mais surtout sous le terme Monfarine ou “danse de la Farine” . On peut supposer que ce dernier surnom est une corruption récente du nom Monfarine.
Sur les communes d'Hanvec, Rumengol et L'Hôpital Camfrout, elle avait parfois l'appellation de “Dans al laer” à savoir danse du larron.
-
la Monfarine ou danse de la farine:
Jean Michel Guilcher, dans son livre “
La tradition populaire de danse en basse-bretagne”, écrit :
“Il n'est pas douteux que la dérobée -monfarine soit ancienne en quelques points du Finistère. Au Faou, probablement aussi à Châteaulin, elle aurait, au dire de quelques vieilles personnes, été connue dans la première moitié du XIXè siècle. Toutefois, même dans ces villes, elle paraît n'avoir tenue qu'une place fort peu importante.”
En ce qui concerne la dérobée de Brasparts, nous disposons du témoignage du poète Frédéric Le Guyader et de l'étude de Jean-Michel Guilcher.
Frédéric Le Guyader est un poète et écrivain, né le 17 mars 1847 à Brasparts. Après avoir vécu quelques temps à Paris puis en divers lieux de Bretagne, il s'installera à Quimper et y sera le conservateur de la Bibliothèque.
Dans un article intitulé “
Noces bretonnes au pays de Cornouaille” en Octobre 1907, Le Guyader décrit une noce “dans l'arrondissement de Châteaulin, dans une bourgade charmante aux pieds des Monts d'Arrée (Brasparts)”, qui se déroule dans les années 1867-1869.
Il écrit : “après la gavotte, c'est le bal. Après le bal, la Monferine. Après la Monferine, figures très courtes de quelques minutes chacune, on va entamer le Jabadao...”
Dans un poème de “
La chanson du Cidre”, “Mathurin l'aveugle”, il fera à nouveau allusion à la Monferine : “La gavotte comprend quatre espèces de figures qui se suivent : la Gavotte, le Bal, la Monferine et le Jabadao”.
“Au bourg de Brasparts seulement, écrit Guilcher, nous avons retrouvé le souvenir d'une suite réglée où elle figure. Il s'agit d'une suite de danses accompagnée aux instruments...”
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L'accompagnement musical :
Dans son article de 1907, Frédéric Le Guyader précise que cette danse est accompagnée par un couple de sonneurs.
De fait, jusqu'aux années 1950, la Monfarine était principalement sonnée.
Polig Monjarret dans “Tonioù Breiz-Izel” a recueilli un certain nombre d'airs de la danse “Montfarine de Brasparz”
Depuis les années 1950, la Monfarine (Dérobée) est chantée.
La dérobée de Brasparts a été dansée régulièrement jusqu'à la fin des années 70, et faisaient souvent le bonheur des danseurs à l'entrée des bals de noces...
6.Pour la petite histoire: D'où vient le nom de Monfarine ?
La monferina est une danse populaire originaire de Montferrat.
Giovanni Giannini dans son étude de 1888 sur les danses – et notamment la Monferrina – décrit le schéma de la danse ainsi :
“La danse se constitue en un cortège de couples. Puis l'on fait face à son partenaire, on s'en éloigne, on s'en rapproche, on tourne avec lui. Un jeu permet à un danseur en surnombre de dérober une danseuse.”