Patrice Ciréfice super posteur
Nombre de messages : 3411 Localisation : Brasparts Date d'inscription : 09/02/2009
| Sujet: La martyre de Stank al Lan Sam 8 Mai - 14:33 | |
| Le baron de La Pylaie, lors de son séjour à Brasparts, eut la chance d'entendre quelques vieux contes, comme celui de la Vierge de Stank al Lan, conte que souhaitait retrouver Henri Quelen. Voici ce texte:
"L'on m'a raconté qu'on faisait ici, tous les premiers lundis du mois, une procession autour de l'église en commémoration du dévouement d'une jeune personne de la famille de Penhoat, qui se sacrifia, à l'âge de dix-huit ans, pour délivrer le pays d'une peste (ar vocen) qui y exerçait les plus cruels ravages.
Selon cette tradition, la nouvelle Iphigénie aurait été enterrée vivante et debout dans son tombeau, lequel se trouve contre l'église, en face de la porte principale. Toute la population s'était réunie pour accompagner jusqu'à l'église la jeune demoiselle, depuis l'endroit où elle fit vœu d'accomplir un si généreux sacrifice.
Ce lieu a reçu le nom de Stanc ar lan. Mais en réfléchissant sur ce récit, il est très manifeste que le temps a altéré la réalité de ce qui concerne son inhumation."
François Joncour a repris ce thème dans ses contes, sous le titre de "Sezaig Penn-ar-Hoadhervez al lavarou koz, dont une traduction est donnée dans le beau livre "François Joncour, son parcours en centre Finistère" de Michel Penven et Glaoda Millour. | |
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Patrice Ciréfice super posteur
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| Sujet: Re: La martyre de Stank al Lan Ven 14 Mai - 13:15 | |
| Pour compléter le récit du baron de la Pylaie, voici le texte de François Joncour, accompagné d'une traduction... Er bloavez ma ne oe kavet plah triweh vloaz ebed da gas da Êrouant Bodkest, e kouezas eun darvoud spontuz war Barrez Vrasparz ha war ar parreziou tro-war-dro. Gwalenn Doue a oa deut da gastiza ar vro gand ar hleñved louz anvet ar vosenn. Mervel a reas eun niver braz a dud, kerkoulz koz ha yaouank. Ar hleñved louz-se ne esperne den, na paour, na pinvidig, dre al leh ma tremene. A beb tu ne gleved nemed tud o leñva hag o hirvoudi. Ar bobl spouronet a deue niveruz d'an iliz da bedi ha d'en em ouestla da zant Rok, brudet evid diwall euz ar vosenn. Greet e oe al le da zevel croaziou er hroaz-hentou. Kalz euz ar re-mañ a zo atao en o zav. Daoust da ze, ar hleñved a yee atao war gresk. Ne ouied koz euz kostez Menez Are da hourhemenn douara eur plah triweh vloaz ez-veo. « Raktal », emezi, « ar hleñved a gilo ». En eur gleved kement-mañ e oe an oll a-unan gand ar veneziadez. Koulskoude, pa oe red dibab ar plah triweh vloaz-se, ne oe kavet hini ebed en oad mad. Eur vamm a lavare: « Va merh a zo nevez-tremenet ha seiteg vloaz. Rag se n'ema ket en oad. Paneved-se he-dije roet he buhez a galon vad. » Unan all a lavare: « Va merh a zo krog en he naonteg vloaz, eun nebeud miziou 'zo. Rag-se eo eet er-mêz a oad. » An oll vammou all a lavare ar memez tra. An oll verhed o-doa seiteg vloaz pe nebeutoh pe naonteg pe vuioh. L'année où on ne trouva pas de jeune fille de dix huit ans à offrir au serpent de Bodkest, il tomba sur la paroisse de Brasparts et sur les paroisses des alentours un évènement effoyable. Le fléau de Dieu était venu punir le pays avec une sale maladie appelée la peste. Il mourut un grand nombre de gens, autant vieux que jeunes. Cette sale maladie n'épargnait personne, ni pauvres, ni riches, par où elle passait. De tous côtés, on n'entendait que des gens pleurer et sangloter. Le peuple épovanté venait nombreux à l'église pour prier et se vouer à Saint Roch réputé pour protéger de la peste.On fit le voeu d'élever des croix aux carrefours. Beaucoup d'entre elles sont encore debout. Malgré cela, la maladie progressait toujours. On ne savait plus à quel saint se recommander, quand il vint une vieille femme du côté de Menez Aré, ordonnant d'enterrer vivante une fille de dix huit ans. De suite, dit-elle, la maladie reculera.Entendant ceci, tout le monde fut d'accord avec la montagnarde. Cependant, quand il fut nécessairede choisir cette fille de dix huit ans, on n'en trouva aucune de cet âge. Une mère disait: Ma fille vient de dépasser ses dix sept ans. Donc elle n'est pas en âge. Sinon elle aurait donné sa vie de grand coeur. Une autre disait: Ma fille a commencé ses dix neuf ans il y a quelques mois. Elle est en dehors de l'âge. Toutes les autres mères dirent la même chose. Toutes les filles avaient au dix sept ans et moins, ou dix neuf et plus.*************** Sezaig Penn-ar-Hoad, oll en he glahar hag en anken a oa chomet er gêr gand he mamm gêz. Euz nao hrouadur n'he-doa mui houmañ nemed he diou verhig yaouanka ha Sezaig. Houmañ, eur plah triweh vloaz euz ar re goanta, a oa eun dudi he gweled gand he fennad-bleo melen hag he daoulagad glaz. Ouspenn-ze e oa ampart, kaloneg ha speredet-kaer. Pa oe eet ar helou beteg enni e lavaras d'he mamm: «Mar deo gwir ar helou em-eus klevet, me eo ar plah a raio ar sakrifis euz va buhez. Gwelet em-eus bezia va zad, va zri breur ha va zeir c'hoar hag, en deveziou diweza-mañ, va Laouig muia-karet. Galvet on ivez gand Doue, ra vezo greet e volontez! N'am-eus mui da hortoz an disterra joa war ar begad douar-mañ. N'am-eus da gaoud nemed displijadur ha trubuill. Rag-se va mamm, me a raio ar sakifis euz va buhezevid ma esperno an Aotrou Doue ahanoh ha va diou hoar vihan.» Pa oe klevet kement-mañ e reas an oll meuleudigez d'ar plah kaloneg. Hag an oll a glemme: «Eun druez eo e vefe dleet sakrifia buhez eur plah ken koant.» Sezaig-Penn-ar-Hoad , toute à son chagrin et à son angoisse, était restée à la maison avec sa mère chérie. De ses neuf enfants, celle-ci n'avait plus que les deux plus jeunes et Sezaig, une jeune fille de dix huit ans des plus belles, que tous admiraient, avec ses cheveux blonds et ses yeux bleus. En plus, elle était adroite, courageuse et très intelligente. Quand les nouvelles lui parvinrent, elle dit à sa mère: Si la nouvelle que j'ai entendue est vraie, je suis la jeune fille qui fera le sacrifice de sa vie. J'ai vu mettre en terre mon père, mes trois frères et mes trois soeurs, et ces deniers jours mon Laouig bien-aimé. Je suis aussi appelée par Dieu, que sa volonté soit faite! Je n'ai pas la moindre joie à attendre sur cette terre. Je n'aurai que malheur et tourments. C'est pourquoi ma mère, je ferai le sacrifice de ma vie pour que Dieu vous épargne, vous et mes deux petites soeurs.» Quand ils entendirent cela, tous firent l'éloge de cette jeune fille courageuse. Et tous se lamentèrent: - C'est pitié de sacrifier la vie d'une jeune fille aussi belle.Kerkent e tiskennas ar bobl en hent don a zo e tu ar hreisteiz d'an iliz. Eno e rejont eun toull don. Ar plahig kaloneg, gwisket ganti he dillad kaerra, goude beza greet sin ar groaz, a ziskennas en he zav en toull hag a lavaras d'an doullerien: « Kargit bremañ an toull warmon.» Kerkent e oe greet hervez he c'hoant. Pa oe erru an douar beteg he gouzoug e lavaras: - «Ehanit bremañ. Evel-se e hellin tremen eun nebeud euriou am-eus c'hoaz da chom e buhez o pedi an Aotrou Doue da gaoud truez ouz va mamm ha va hoarezed hag ouz oll dud ar barrez.» He mamm gêz, daoulinet en he hichenn, a oa glaharet ha beuzet en he daelou. Kalz a dud a deuas d'he gweled. Oll ez jont kuit, an dour en o daoulagad en eur druezi ouz ar plahig paour. Souezet e oant ivez ouz he gweled o vond d'ar maro gand kement a nerz-kalon. Erfin, d'an trede deiz, goude beza bet dilavar, distronket gand ar boan hag an anken, e teuas Doue d'he herhad. Pebez maro kriz! Tennet e oe er-mêz an douar. Lakaet en eun arched, ha kaset d'an douar benniget, er vered. N'eo ket red lavared e teuas ar barrez a-bez hag ar parreziou tro-war-dro da interamant ar verzerez yaouank. De suite le peuple descendit dans le chemin creux qui est au sud de l'église. Là, ils firent un trou profond. La courageuse jeune fille, vêtue de ses plus beaux habits, après avoir fait le signe de la croix, descendit dans le trou et dit aux fossoyeurs: - Remplissez maintenant le trou sur moi. Aussitôt il fut fait fait ainsi qu'elle désirait. Quand la terre fut arrivée jusqu'à son cou, elle dit: - Arrêtez maintenant. Ainsi je pourrai passer le peu d'heures qu'il me reste à vivre à prier Dieu d'avoir pitié de ma mère et de mes soeurs et de tous les gens de la paroisse. Sa chère mère, agenouillée auprès d'elle, était affligée et noyée dans les pleurs. Beaucoup de gens vinrent voir. Tous repartaient les larmes aux yeux, ayant pitié de la malheureuse jeune fille. Ils étaient aussi très surpris de la voir aller aller à la mort avec tant de courage. Enfin, au troisième jour, quand elle fut silencieuse, exténuée par la peine et l'angoisse, Dieu vint la chercher. Quelle mort cruelle! On la retira de la terre. Elle fut mise dans un cercueil et mise en terre bénie, au cimetière. Inutile de dire que toute la paroisse et les paroisses avoisinantes vinrent à l'enterrement de la jeune martyre.El leh m'eo maro Sezaig Penn-ar-Hoad ez eus bremañ eur feunteun anvet gwechall «feunteun ar verzerez». Pa groge eur hleñved bennag er vro ez eed d'ar feunteun-ze da gerhad dour d'en em ziwall diouz ar hleñved. Bremañ e vez greet atao «Feunteun Stang-ar-Hañv» anezi. A l'endroit où est morte Sezaig Penn-ar-Hoad se trouve maintenant une fontaine appelée autrefois «La fontaine de la martyre». Quand une maladie quelconque survenait au pays, on allait, pour s'en protéger, à cette fontaine pour y puiser de l'eau. Maintenant, on l'appelle encore «La fontaine de l'étang du deuil». | |
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